16 avril, 2024

1868 – Les Colonies Françaises

Les Colonies Françaises

(Extraits)

Par J. Rambosson 1868

Amérique – Première Partie – Saint-Pierre et Miquelon

Chapitre Premier – Historique

La découverte de Terre-neuve et de ses parages est revendiquée par les Danois, les Norwégiens et les Basques. Il est assez difficile de se prononcer à cet égard.

Ce qui est positif, c’est que Cabot y aborda en 1497, et que, dès 1504, les Bretons et les Normands venaient pêcher dans les eaux de Terre-Neuve où la morue était abondante. Toutefois, c’est vers 1604 seulement que les premiers établissements français y furent fondés par les pêcheurs.

En 1710, Terre-Neuve avait 3,000 habitants.

Par le traité d’Utrecht (1713), Terre-Neuve fut abandonnée par la France à l’Angleterre, et lorsque, en 1763, nous perdîmes le Canda, etc., il nous fallut nous contenter des îles Saint-Pierre et Miquelon comme dédommagement.

Bientôt les établissements de pêche furent établis. De 1765 à 1777, les produits furent considérables: 6,000 quintaux de morue, par an, en moyenne; 220 bâtiments, jaugeant 24,000 tonneaux et montés par 8,000 marins ou pêcheurs, s’employaient à la pêche.

La guerre de l’indépendance américaine, guerre où nous prîmes parti contre l’Angleterre, nous fît perdre momentanément les deux petites îles. Les Anglais s’en emparèrent et en ruinèrent les constructions. Les habitants, au nombre de 1,200 à 1,300, durent se réfugier en France (1778).

La paix de Versailles (1783) nous rendit les îles et confirma nos droits de pêche sur les côtes de Terre-Neueve. Les habitants émigrés y furent ramenés.

Dès 1784, 318 navires jaugeant 34,658 tonneaux et montés par 9,520 marins ou pêcheurs, se rendaient dans les îles. Mais, en 1793, les Anglais s’en emparèrent de nouveau.

Elles furent restituées par la paix d’Amiens à la France (1802) et reperdues en 1803. Le traité de Pars (30 mai 1814) nous rendit de nouveau. Le bourg de Saint-Pierre, détruit en 1795, fut relevé et un autre bourg formé à Miquelon.

Depuis lors, les expéditions de pêche n’ont pas cessé.

Gouverneurs et commandants

  • 1763. Dangeac, gouverneur
  • 1773. L’Espérance (baron de), gouverneur
  • 1784. Danseville, commandant et ordonnateur
  • 1816. Bourrilhon (J.-P.), commissaire de la marine, chargé en chef du service.
  • 1818. Borius (A.-V.), lieutenant de vaisseau, intérimaire.
  • 1819. Fayolle (P.-A.-H.), capitaine de frégate honoraire, commandant et administrateur pour le roi
  • 1825. Borius (A.-V.), capitaine de frégate, commandant et administrateur pour le roi
  • 1828. Brue (J.-L.-M.), chef de bataillon honoraire, commandant.
  • 1832. Paris (F.-J.-G.), sous commissaire de la marine, intérimaire.
  • 1839. Mamyneau (L.-A.), capitaine de vaisseau.
  • 1842. Desrousseaux (J.-A.), capitaine de corvette.
  • 1843. Délécluse (J.-M.-F.), capitaine de corvette en retraite
  • 1849. Bruslé (P.-B.), chef du service administratif, commisaire de la république par intérim.
  • 1850. Gervais (J.-F.), lieutenant-colonel d’artillerie de marine.
  • 1855. Gautier (A.-S.), lieutenant de vaisseau
  • 1856. Gervais (J.-F.).
  • 1859. De la Roncière (le comte E.)
  • 1863. Cren (P.-V.), chef de bataillon d’infanterie de marine.

Chapitre II

Situation.Saint-Pierre, situé par 46’46 » de lat. N. et 58’30 » de longitude O., au sud-est de Miquelon, a 7 kilomètres et demi dans sa plus grande largeur. – Sa superficie est de 2,600 hectares.

Le sol est presque entièrement granitique, inculte et stérile. On y rencontre du minerai de fer et de cuivre.

Les étangs sont poissonneux. Ils ont au nombre de douze et communiquent avec la mer. Les plus grands ont de 600 à 700 mètres. – Pas de rivières, mais de simples ruisseaux.

Les côtes, depuis le cap à l’Aigle jusqu’à la pointe à Savoyard, sont escarpées et pour ainsi dire inabordables. Elles est plus basse depuis cette pointe, et quelques anses abordables s’y rencontrent.

La rade de Saint-Pierre a trois passes par lesquelles elle communique avec la pleine mer. Celle du N.-E. a 900 mètres de largeur et 10 a 27 mètres de fond. Cette rade est très-sûre d’avril à septembre et peut contenir 150 bâtiments.

Le port, à l’extrémité O.-S.-O. de la rade, est vaste et pourrait recevoir 100 navires de commerce, mais ils ne doivent avoir qu’un faible tirant d’eau.

Autour du port sont les sécheries établies sur des grèves.

Saint-Pierre, chef-lieu des deux îles, seul centre de population dans l’pile du même nom, a un kilomètre dans sa plus grande longueur. Il est assis au pied d’une colline et s’étend jusqu’au bord de la mer.

Sept îlots entourent Saint-Pierre et en dépendent: le Grand et Petit-Colombier, au N.-E.; l’île aux Chiens, l’île aux Vainqueurs, l’île aux Pigeons, à l’E.; enfin l’île Verte à 6,5 kilom. au N.-E.

Miquelon est située par 47’8 » lat. N.; 46’47 » et 58’40 » long. O.

Autrefois, l’île était coupée en deux par une passe qui, depuis 1783, a été comblée par les sables. -Longueur: 36 kilomètres; largeur: 24 kilomètres; superficie: 18,423 hectares. – Sise à 5 kilom. au N.-O. de Saint-Pierre.

Le sol de Miquelon est également granitique. On y rencontre du minerai de fer, quelques source minérales (ferrugineuses).

La Belle-Rivière, large ruisseau, sillonne l’ancienne petite Miquelon, ou Langlade; mais les deux plus grands étangs appartiennent à la grande Miquelon.

Une grande baie, un étang considérable se trouvent à l’extrémité septentrionale de l’île, mais ils ne communiquent pas entre eux. – Le bourg est assis au fond du port.

Saint-Pierre possède plusieurs belles routes: l’une, la route Iphigénie, a 2,200 mètres; l’autre, la route de Gueydon, a été depuis 1859, prolongée de 450 mètres.

Il a été construit des canaux de desséchement, un quai de 134 mètres de longueur (dans le port de Saint-Pierre); les rues de la ville ont été nivelées, des égouts établis.

Deux salles d’asile, une maison de commandement, etc., une caserne pour les gendarmes, deux nouveaux phares, une église, etc., tel est l’ensemble des travaux publics qu’on a menés à bien depuis quelques années.

Le climat des îles Saint-Pierre et Miquelon se distingue de celui des autres îles du golfe Saint-Laurent par une salubrité plus grande. La température, en juillet et août, les mois les plus chauds de l’année, s’élève peu au-dessus de 25’centig.; en janvier et février; elle descend à 15′ au-dessous de 0, et quelquefois jusqu’à 24′. La moyenne de température est de 9’cent. au-dessus de 0.

L’hiver dure cinq a six mois. La neige est abondante du milieu de novembre à la fin de mars; en mai et juin, les brumes dominent; à la fin d’avril, la belle saison commence pour ne finir qu’en octobre.

Peu de pluies en été; au début de l’automne et du printemps, elles sont abondantes.

Les vents qui règnent pendant la belle saison sont ceux du N.-O.; ceux de S.-E., de S. et de S.-O. amènent du mauvais temps. Les vents du N.-E. (anordies) et ceux du S.-E. (assuéties) sont les plus impétueux.

Aux nouvelles et aux pleines lunes, la hauteur de la pleine mer, à Saint-Pierre, est de 2m60; l’établissement a lieu à 9 heures.

La hauteur moyenne annuelle du baromètre est de 752 millimètres. Son maximum est de 765mm et son minimum de 738mm.

Au mois d’avril, les aurores boréales ne sont pas rares. Toute l’atmosphère en paraît quelquefois comme embrasée.

L’un des deux phares est établi sur la pointe à Galantry; l’autre est élevé à la pointe aux Canons. Le premier, dans la saison des pêches. tire deux coups de canon toutes les deux heures, quand il y a la brume. La nuit, il répond, coup pour coup, aux navires qui tirent en mer.

La population sédentaire de Saint-Pierre se compose de Normands, de Bretons, de Basques et d’anciens pêcheurs; celle de Miquelon se compose surtout d’anciens Acadiens.

On compte 2,385 individus de population sédentaire, et 689 de population flottante. En outre, il vient de France, chaque annéee, environ 3,500 pêcheurs et marins. -Presque tout le monde se livre à la pêche de la morue.

Chapitre IV

CulturesLe sol des îles Saint-Pierre et Miquelon peut être considéré comme stérile. L’hiver prolongé et rigoureux qui y règne ne permet pas aux cultures de se développer.

Saint-Pierre, rocher presque entièrement privé de terre végétale, n’a guere que des broussailles épaisses, rampantes, et des arbres verts tout au plus hauts de 3 mètres. Sur les plateaux, toutefois, on recueille un peu d’herbe avec laquelle, dans trois fermes, on nourrit quelque bétail. Le sud de l’île possède plusieurs jardins.

Pas d’arbres de haute futaie; mais des genévriers et des arbustes variés. Ces arbustes donnent beaucoup de petits fruits acides antiscorbutiques; les genévriers permettent de fabriquer un excellent genièvre. On remarque aussi plusieurs espèces de thés.

La bière de spruce (variété de pin), connue sous le nom de sapinette, est la boisson du pays, des équipages des bâtiments de guerre en station, des pêcheurs. Les branches de l’arbre, vertes et garnies de leurs feuilles, sont de préférence employées dans la fabrication de cette bière.

Langlade (petite Miquelon), dont le sol est moins aride que celui de Saint-Pierre, possède treize fermes, sur lesquelles on se livre surtout à l’élève des bestiaux. On est certain aujourd’hui pourtant, que les céreales, les plantes potagères et légumineuses de France y réussiraient au mieux.

[…]

La partie de Miquelon, appelée Langlade, a subi de nombreux défrichements depuis 1816. Néanmoins, elle a encore d’assez beaux bouquets de bois. Le sapin, le bouleau, l’érable, l’if, le néflier, le sorbier, le genévrier, le rosier, le pommier sauvage; tels sont les pricipaux arbres et arbustes qui y croissent.

Saint-Pierre et Miquelon n’ont qu’un industrie sérieuse: la pêche et la préparation de la morue.

La morue est pêchée et préparée ou par des pêcheurs venant de France ou par des pêcheurs résidents, c’est-à-dire habitant la colonie.

On désigne ainsi les expéditions qui partent des ports de France pour Terre-Neuve:

  • Armements pour le grand banc de Terre-Neuve, avec sécherie aux îles Saint-Pierre et Miquelon; avec sécherie à la côte ouest de Terre-Neuve; id., avec sécherie à la côte est de Terre-Neuve.
  • Armements pour la côte ouest de Terre-Neuve (pêche et sécherie).
  • Armements pour la côte est de Terre-Neuve (pêche et sécherie).
  • Armements pour les îles Saint-Pierre et Miquelon.
  • Armements pour le grand banc de Terre-Neuve sans sécherie.

[…]

Les principaux lieux de destination ont été:

  • Ceux de Granville, Saint-Malo, Nantes, île de Ré, Bordeaux, Bayonne, Marseille, Cette, Morlaix;
  • Ceux de la Martinique, Guadeloupe, Réunion;
  • Ceux d’Alicante
  • Ceux de Boston, New-York, Halifax.

La pêche à la morue a lieu du 1er avril au 1er octobre.

Grand Colombier

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