28 mars, 2024

La dune à travers les âges

La cartographie historique des îles Saint-Pierre et Miquelon souffre de continuité et d’authenticité pour de multiples raisons :

  • De nombreuses cartes ne sont pas issues d’observations directes, mais sont des pastiches ou des rapiéçages de cartes plus anciennes.
  • De nombreuses cartes anciennes ne délimitent l’archipel qu’avec un trait grossier.
  • La cartographie particulière des îles n’est connue que depuis la fin du XVIIe siècle et ne concerne très souvent que le tracé des ports.

Sachant cela, que peut nous enseigner le patrimoine cartographique sur l’évolution du cordon dunaire ? Les cartes du XVI – XVIIe siècle de la région sont bien trop imprécises pour que l’on puisse répondre avec certitude ou sérieux, cependant nous pouvons quand même établir une liste imparfaite de cette évolution.

Le XVIe siècle : les premières épures

La carte de Maggiolo, datée 1507, représente au sud de Terre-Neuve, trois îles distinctes pouvant être avec une certaine probabilité notre archipel. Trois îles, point de dune.

Si ce tracé peut être imputé à la réalité, elle peut tout autant être la conséquence d’une observation hâtive et bâclée effectuée depuis une grande distance des côtes. En effet, avec quelques mètres d’altitude seulement, une observation à quelques kilomètres des côtes pourrait porter l’observateur à n’y voir que deux îles.

À titre de comparaison, il suffit de se reporter à l’énigmatique carte de Juan de la Cosa, datée 1500, et sa célèbre ‘isla de la Trenidat’ qui pourrait être l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon ou une observation primitive de la péninsule de Burin.

D’autres cartes du XVIe, notamment celles de Miller / Reinel (1521), Fredduci (1521) et Jehan Roze (1543) porteraient l’observateur à croire que Miquelon-Langlade ne formaient alors qu’une seule île.

Le XVIIe siècle : les cartes régionales

La première carte ayant un toponyme proche de Miquelon (Micklon) est celle de John Mason . Publiée en 1617 elle montre l’île Miquelon-Langlade sous une forme unie.

La grande majorité des cartes régionales levées au cours du XVIIe siècle sont pratiquement inexploitables vu la myriade de tracés divers sans constance aucune. Quelques exceptions cependant : les cartes de Denis de Rotis de 1674 et du Lieutenant de Courcelle en 1675 représentent Miquelon-Langlade sous une forme unie sans équivoque. De même pour la carte de 1689 du pilote Pierre Detcheverry . L’île Miguelon de Jacques Chaviteau en 1689 présente toujours une île allongée, unique.

Le XVIIIe siècle : les rétrocessions et la cartographie particulière des îles

Les deux premières évocations d’un chenal traversant la dune de Miquelon-Langlade nous viennent de la carte de Jacques Bellin datée de 1764, et celle de James Cook 1763. Notons au passage que la carte de Cook fut levée avant la rétrocession et fut établie suite à des relevés trigonométriques précis par le célèbre navigateur. L’ingénieur Fortin nous montre toujours une dune ouverte en 1782, puis en 1784 le Chevalier De Kervegan nous lève une carte montrant une île réunie en son isthme.

Témoin imparfait de l’évolution de ces cordons dunaires, la cartographie de l’archipel semble nous indiquer que la dune fut refermée depuis l’époque de Jacques Cartier à la fin de la première occupation britannique, ouverte jusqu’en 1784 et fermée depuis. N’ayant que peu d’observateurs intéressés entre le début du XVIIIe siècle et la rétrocession sous Louis XVI, les mutations souffertes par cette zone ne sont malheureusement que très mal connues par nous.

Sources :

A Chart of part of the south coast of Newfoundland including the islands St Peters and Miquelon / by James Cook ; Larken sculp.
Source : Gallica.BNF.fr

7e révision, article en cours de relecture

Grand Colombier

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2 réflexions sur « La dune à travers les âges »

  1. « L’isthme de Langlade fut plusieurs fois brisé par la violence des vagues. En 1757, il y avait là un chenal large de 500m ;, avec deux ou trois brasses d’eau à mer basse, qui se referma en 1781. Il ne se passe guère d’année sans que cette lagune de sable, mouvante et traîtresse, ne soit le théâtre de quelque dramatique naufrage. »

    Source : Revue des sciences et de leurs applications à l’art et à l’industrie.
    13 juin 1925, Masson et Cie, Editeurs, 120 boulevard Saint-Germain Paris.

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