28 mars, 2024

Gilbert de Bournat : ses activités d’après guerre [4/6]

Ceci est le quatrième texte d’une série de six articles, consacré à l’ancien gouverneur des îles Saint-Pierre et Miquelon.

Dès l’après guerre, il devint alors membre actif d’un groupe nommé « Association des amis de Saint-Pierre-et-Miquelon » dont le siège social se trouvait à Paris. Cette association fut présidée par Michel Geistdoerfer, ancien délégué de Saint-Pierre et Miquelon au Conseil Supérieur de la France d’Outre-mer. On retrouvait  aussi au bureau du Conseil d’Administration de l’Association un certain Jean Burollaud, directeur et fondateur du journal l’Expansion française.

Politiquement colorée, cette association se devait de promouvoir les idées politiques des proches de l’ex-administrateur.

En 1945, lors de la première élection de l’après-guerre, de Bournat se présenta à la députation depuis la ville de Grand Banc à Terre-Neuve étant interdit de séjour à Saint-Pierre par l’administration locale. Après avoir remporté un score honorable au premier tour, il se désista au deuxième tour.

A travers ces divers bulletins, plusieurs sujets chers à de Bournat, sont développés. On y retrouve des articles sur l’aviation, la fiscalité, l’élevage des animaux à fourrure  et des rubriques sur les naufrages et la nécrologie de Saint-Pierre et Miquelon.

Ayant suscité une certaine dévotion auprès de ses amis et admirateurs à Saint-Pierre et Miquelon, la correspondance privée de Gilbert de Bournat fourmille d’éléments témoignant de la force particulière de celle-ci.

« Votre souvenir est toujours présent à ma mémoire malgré la distance qui nous sépare, et les nombreuses années qui se sont écoulées depuis votre passage parmi nous » – V13J62

« En effet il y a 20 ans que vous laissiez ce triste rocher. Nombreux sont ceux qui ne vous oublient pas. Ils ont appriécié votre administration à sa juste valeur, conduite sagement, loyalement, honnêtement. » – A1F63

Ces éloges sont à contraster avec les commentaires peu élogieux formulés à l’égard de divers opposants politiques. Rien n’indique que Gilbert de Bournat partageait la même véhémence à l’égard de ceux-ci.

« Malheureusement nous possédons une pauvre administration…. Des trafiquants, des combinards, tous partisans du moindre effort. » – A1F63

« Saint-Pierre demeurera toujours dans le marasme tant que l’on aura pas chassé tous les requins de la représentation et des assemblées électorales. Cette politique est le mal du pays. L’intérêt particulier prime l’intérêt général. C’est pénible à constater il n’existe plus d’homme à poigne, désintéressé. » – A1F63

« C’est pénible à constater, mais depuis le règne des Free French nous n’avons jamais vu d’Aministrateur à la hauteur de leur tâche. Des gens sans valeur, des incapables, des nullités. » – A14J65

Réseau infatigable, la correspondance avec de nombreux collaborateurs restera  active jusque dans les années 70.

Lundi prochain : la rédaction du ‘Coup de Saint-Pierre’

Grand Colombier

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Une réflexion sur « Gilbert de Bournat : ses activités d’après guerre [4/6] »

  1. Petite remarque en passant: Bournat n’était pas gouverneur quand il était à Saint-Pierre. Il était administrateur sans plus.
    En décembre 1941 il aurait pu désobéir. C’était pour la bonne cause…L’Amiral Muselier a été parfaitement correct avec lui, mais sans doute le fonctionnaire de Vichy n’avait-t-il pas cette ardeur patriotique qui a poussé tant de Saint-Pierre- et- Miquelonnais à se rallier à l’appel de la Résistance, notamment avant le 25 décembre 41 en se sauvant à Terre-Neuve au prix de bien des risques.
    Bournat avait misé sur le mauvais cheval…
    Mais, dans sa tête de colonialiste, il perdurait dans son appréciation
    erronée de la situation et du bon sens qui animait la population locale.Il fallait du culot ou de l’inconscience pour prétendre représenter l’Archipel au Parlement juste après le fin des hostilités.
    Certes, après son retour à Paris, via le Portugal,il avait été bien reçu à Paris par l’amiral Platon,ministre des colonies, favorable à la collaboration nazie.Pourtant ce dernier, peu après, devait connaître le triste sort des traîtres. Abattu par les Résistants.
    Au tout dernier moment on lui a fait comprendre qu’il valait mieux pour lui ne pas tenter de débarquer à Saint-Pierre. Sans vouloir s’étendre sur ce sujet on peut dire, à la décharge du sieur Bournat, qu’il s’était laissé manipuler par un petit groupuscule d’anciens « vichyards » locaux qui avaient « pris les manettes » à Saint-Pierre et rêvaient encore de s’opposer à l’Homme du 18 Juin.

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