19 mars, 2024

Marie de Kerstrat, pionnière du cinéma à Saint-Pierre et Miquelon

Marie de Tréouret, épouse Grandsaignes d’Hauterive, ou Marie de Kerstrat, est une figure très connue dans les milieux de l’histoire du cinéma français. Issue d’une famille  subsistante de la noblesse française, elle se consacra au développement du tourisme en Bretagne à la fin du 19e siècle.

Après le décès de son mari en 1897, Marie de Kerstrat partira avec son fils Henry Louis Marie Grandsaignes d’Hauterive aux Etats-Unis, au Canada, aux Bermudes puis à St Pierre et Miquelon. Ce duo, équipé de matériel de projection cinématographique, fera découvrir les films de Pathé, Lumière et Méliès aux spectateurs de New York, St Louis, Montréal, Québec, Trois-Rivières, Toronto et Ottawa. En quelques années, le succès fulgurant de ces cinématographes ambulants sera défait par le protectionnisme de l’industrie aux Etats-Unis et l’explosion des salles de spectacle à partir de l’année 1905.

Surnommée la Comtesse des vues animées au Québec, Marie de Kerstrat passera dix-sept ans en Amérique du Nord avant de finir ses jours en Bretagne où elle ouvrira avec son fils Henry une salle de cinéma à Saint Malo dénommée le Saint-Pierrais en « reconnaissance de la bienveillance et l’affectueuse cordialité de la vaillante petite population, petite société d’élite, d’un niveau général très supérieur, très avertie sur toutes choses d’art et de littérature »

Le premier séjour dans l’archipel remonte à juin 1911, cependant malgré l’accueil chaleureux qui leur est réservé, c’est une panne dans l’unique centrale électrique de l’île qui mettra un terme à l’expérience cinématographique.

Le duo mère et fils reviendront pendant l’été 1912 projeter nombre de films dans l’archipel avant de retourner aux Bermudes pour l’hiver. L’été suivant marquera leur  dernier passage aux îles : Marie de Kerstrat  et son fils Henry rentreront définitivement en France en octobre 1913 sur une des goélettes de la pêche métropolitaine. Arrivé en Bretagne, le sort s’acharne : leur matériel sera très endommagé et de nombreuses bobines perdues lors d’un transbordement malheureux.

Marie de Kerstrat décèdera en 1920. Son passage dans l’archipel, s’il est désormais connu des historiens du cinéma, semble avoir été oublié par ceux qui ont écrit la grande et la petite histoire des îles, voilà un oubli réparé.

Merci à ZF.A. pour la piste et le prêt du livre de Serge Duigou et Germain Lacasse.

Sources :


Mise à jour septembre 2020 – Seul deux annonces légales dans le Journal Officiel des îles Saint-Pierre et Miquelon attestent du passage de Mme de Kerstrat, on y apprend que M Lalanne fut autorisé à installer un groupe électrogène pour actionner un cinématographe dans une des salles du Joinville.

Journal Officiel de 1911.

Journal Officiel de 1912.

 

 

Grand Colombier

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