19 mars, 2024

1884 – Élection d’un Délégué : M Paturel

L’Administration a reçu de MM. Paturel, H. Lecharpentier, Duluc dit Louis Henrique et A. Tranchevent, candidats à la délégation près le Conseil supérieur des Colonies, les professions de foi suivantes, qu’elle se fait un devoir d’insérer dans la Feuille officielle de la colonie, ce journal étant le seul organe de publicité dont on puisse disposer à Saint-Pierre.

Élection d’un Délégué au Conseil supérieur des Colonies

Profession de foi : A. PATUREL, AGRÉÉ

Électeurs.

Vous allez enfin exercer un droit que j’ai eu l’honneur, il y a 12 ans, de revendiquer pour vous, celui d’être légalement représenté auprès du Gouvernement de la République.

Désormais vous pourrez vous-même, par l’organe de votre délégué, appeler son attention sur vos intérêts. C’est à coup sûr, un grand pas vers l’émancipation, mais il ne suffit pas. —

Il est en effet de ces réformes qui s’imposent, que vous avez réclamées, et cependant toujours inutilement, il est aussi des travaux publics devenus indispensables, et d’une impérieuse nécessité pour votre commerce; ils ne sont pas effectués.

Les Ordonnances de 1883, sur l’organisation judiciaire, de 1844, sur votre régime administratif, ont résisté à toute attaque; malgré leurs fâcheux inconvénients, malgré les justes critiques dont elles sont devenues l’objet, elles forment encore la base de vos institutions.

Votre port devrait-être fermé, puis creusé. Des routes devraient être construites sur Miquelon, celles de Saint-Pierre réparées et prolongées.

Les fonds manquent !

Vos moyens de communication avec l’étranger, même avec la Mère-patrie, sent demeurés insuffisants. –

Les fonds manquent !

Soyez admis à régler vous-mêmes l’emploi de vos revenus, ils ne vous feront plus défaut: Vous ne verrez plus alors le Ministère vous imposer de nouvelles charges, malgré vous.

Et, si la Métropole, dans le but d’augmenter son commerce et d’étendre ses relations extérieures, subventionne de nouvelles lignes de steamers, comme celle de Rouen à Quebec et Halifax, votre part sera sans doute réservée. –

Reconnaissons toutefois que le sentiment qui prédomine aujourd’hui, dans les décisions du Département colonial, vous est devenu plus favorable.

Mais on hésite à vous satisfaire, parce qu’on ne vous connaît pas assez.

C’est à vous de choisir un mandataire, sérieusement au courant de votre situation, qu’ignorant rien de ce qui vous concerne, n’ayant à défendre pour lui-même aucun intérêt qui puisse se heurter aux vôtres, fermement résolu à donner tous ses soins, à sacrifier tous ses moments à l’accomplissement de sa mission, et qui ne craigne pas de faire entendre la vérité.

Il obtiendra aisément qu’on fasse enfin bonne justice de tous ces rapports officiels ou officieux, dictés par l’ignorance ou par la passion, trop facilement accueillis au Ministère, à une époque heureusement éloignée, dans lesquels on vous a dépeints parfois sous de si tristes couleurs. La cause a disparu disons le hautement mais l’effet se produit encore même aujourd’hui.

Donc, Intelligence parfaite des hommes et des choses de la Colonie, désintéressement complet, labeur incessant, voilà ce qu’il vous importe d’exiger tout d’abord de votre délégué.

S’il y joint une instruction suffisante, qu’il soit en état de raisonner des questions administratives, judiciaires, commerciales, maritimes et autres, que soulèveront nécessaire ment vos multiples et légitimes réclamations, de les discuter, et de justifier ses opinions, le succès vous est assuré.

Électeurs,

Depuis longtemps j’ai vécu parmi vous. Dès l’année 1871 , il vous en souvient,

j’avais entrepris d’obtenir, pour notre Colonie, les mêmes réformes que, tous, nous désirons aujourd’hui.

Cette tâche que vous n’aviez fait l’honneur de me confier, qu’il m’a fallu laisser inachevée, je mettrais mon ambition à la terminer.

C’est pourquoi je sollicite vos suffrages. En même temps je dois vous déclarer, pour répondre à certaines insinuations, qu’au cas où votre vote me serait favorable, je n’en tends me ranger, ni à droite ni à gauche, dans le Conseil supérieur.

Le mandat que vous me confierez ne saurait, à mon sens, entraîner ni opposition systématique, ni approbation quand même.

Se rallier à toute proposition avantageuse, combattre toute mesure contraire à vos intérêts, telle est, ce me semble, la règle à observer par votre délégué. –

Modéré sans faiblesse, énergique sans violence, mais surtout persistant sans se laisser rebuter par l’échec, tel doit se montrer votre élu dans l’accomplissement du devoir que vos suffrages lui auront imposé.

Saint-Pierre, le 28 janvier 1884.

  1. PATUREL, AGRÉÉ.

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