LE VOYAGE DU MIQUELON. Un article du journal Ouest-France. Foyer Paroissial n° 311, Janvier 1950

LE VOYAGE DU MIQUELON. Un article du journal Ouest-France.

Foyer Paroissial n° 311, Janvier 1950, page 7.

Brest le 28 décembre 1949.

Sans bruit arrivait hier matin, au port de commerce, un petit navire, le « Miquelon » qui s’amarrait au deuxième bassin, face à l’Inscription Maritime. En fait, c’était un événement. Ce bateau tout de bois, et jaugeant net 326 tonneaux, qui se contente à l’ordinaire d’assurer le service de l’île aux ports canadiens, venait de relier St- Pierre à Brest en dix jours. Encore faut-il préciser qu’il escorta du point de départ à Ouessant le chalutier malouin « Vaillant » qui sortait d’un chantier de réparations, sans quoi, le « Miquelon » eut couvert les 2400 milles en 7 ou 8 jours.

Long de 42 mètres, large de 10 mètres, pour un tirant d’eau de quatorze pieds, cette ancienne unité de la Marine côtière américaine, avait quitté St-Pierre dans la soirée du 16 courant, transportant six malades qui ont été conduits hier après-midi à l’hospice de Morlaix, un infirmier et une infirmière Mme Girardin, fille de Mme Lechevallier, dépositaire d’Ouest–France à Saint-Pierre et Miquelon ; le cercueil d’un capitaine terre-neuvas Charles Le Menu, décédé il y a quatre ans à St-Pierre; six passagers, Mme Detcheverry venant rendre visite à sa fille religieuse à Bayeux; M et Mme Bouteiller et leur fillette de dix ans qui s’installeront définitivement à St- Malo dont M. Bouteiller est originaire; deux jeunes gens de 17 et 16 ans, Bernard Carricart, qu’appellent des cours d’hydrographie à Bordeaux et Robert Briand, désireux de séjourner pour études à Stuttgart.

Informé au dernier moment de l’arrivée du « Miquelon », M. Laurelli, député de St- Pierre et Miquelon, et le Père Gervain, de la Congrégation du St-Esprit, conseiller de l’union française à Versailles, natif de St- Pierre, étaient hier matin chaleureusement accueilli à bord par le commandant Rebmann, le capitaine, L. J. Tillard, officier de navigation faisant fonction de commissaire et les membres de l’équipage qui ne les avaient pas vu depuis plusieurs mois.

On se rendit compte alors que les 4000 habitants de St-Pierre et Miquelon ne forment qu’une grande famille et plus encore durant l’après-midi, quand MM. Emmanuel et Léopold Turgot et leurs épouses, ancien St- Pierrais, domicilié actuellement à St. Pierre-Quilbignon franchirent à leur tour la passerelle. Pour eux Lucien Girardin, radio du bord joua au violon les airs sur lesquels son père Georges faisait autrefois danser les insulaires.

Nous avons l’impression d’être dans un port de chez nous, déclaraient ravis, officiers et marins.

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