Foyer paroissial n° 166 15 septembre – 15 octobre 1937, page 202.
De 1835 -1840 Inclus
Aucun événement remarquable ne signale l’année 1835 à l’attention de nos lecteurs.
A retenir cependant l’arrivée inopinée, au début de mai de l’abbé Lainé désigné par le Département pour exercer les fonctions de vicaire à Saint-Pierre. Le commandant Brue en exprime sa surprise au ministre alors qu’un avis défavorable à l’envoi d’un troisième prêtre dans la colonie avait été émis par le Conseil du gouvernement et d’administration, les deux curés des îles suffisant pour assurer le service du culte, et les ressources budgétaires s’y opposant d’ailleurs.
A noter aussi : l’absence absolue de capelan dans nos eaux ayant poussé les pêcheurs français à enfreindre les limites territoriales pour aller s’approvisionner sur la côte de Terre-Neuve, le navire de guerre Raur arrivait à Saint-Pierre, le 18 juin. Le Commandant de ce bâtiment, Commodore Hope avait pour mission de faire connaître au chef de la colonie qu’en présence des nombreuses infractions aux traités commises par les pêcheurs français, il avait ordre d’exercer une surveillance active entre nos îles et la grande île et de s’opposer à ce que nos nationaux aillent s’approvisionner de capelan dans les possessions anglaises.
En portant ce fait à la connaissance de Département M. Brue ajoute : « Je me suis empressé de communiquer cette notification aux négociants et pêcheurs en rappelant à ces derniers l’arrêté du 20 avril 1827 qui punit les contrevenants d’une détention plus ou moins longue.
« J’ai cru devoir paraître sévère dans la nouvelle défense que je faisais aux pêcheurs de ne pas enfreindre leurs étroites limites, bien convaincu cependant qu’à défaut de capelan leur seconde pêche était perdue, et qu’ils soient exposés à être arrêtés. Plusieurs barques l’ont été en effet et les filets saisis. Mais vous verrez par la correspondance avec M. Hope qu’il n’a rien retenu et qu’il a même traité nos Français avec beaucoup de douceur. Je vois dans la conduite de cet officier celle d’un homme appelé à remplir une mission pénible et il me semble qu’en faisant son devoir il y a mis plus d’humanité que je n’aurais cru l’espérer.
« La mission de M. Hope a été provoquée, je n’en doute pas, par les réclamations faites par la Chambre de Commerce de St-Jean qui voit avec peine et jalousie l’accroissement prodigieux de notre commerce dans nos îles et qu’elle voudrait gêner autant que possible en invoquant l’exécution de traités qui, malheureusement sont favorables aux voisins de Terre-Neuve. » (3)
(A suivre)
E.S.
(3) Au cours des années 1834 à 1837 le capelan ne fit aucune apparition dans les eaux de l’Archipel alors qu’il abondait sur les côtes anglaises