Foyer paroissial n° 190 : 15 octobre 1939, pages 191-192.
1841 à 1845 inclus
Visite du Prince de Joinville. (fin)
Après la messe, S. A. R. retourna à son bord où elle daigna recevoir les dames de la colonie. Une petite fête y avait été improvisée et deux heures sur la frégate s’écoulèrent pour nous aussi rapidement qu’agréablement.
Le lendemain à 11 h. 1⁄2 du matin, la frégate et le brig appareillèrent au bruit de nos salves d’artillerie par un temps superbe mais avec une bien faible brise. Le Prince, avant son départ, avait daigné me faire une dernière visite. Je l’avais accompagné à son bord avec le capitaine de port qui devait le piloter ; je n’ai quitté S. A. R. qu’après lui avoir vu commander son appareillage d’une manière qui ferait honneur au meilleur, au plus ancien capitaine de vaisseau.
La frégate et le brig retardés dans leur marche par des calmes étaient encore en vue le 31 à deux heures, mais la brise s’étant faite, ils disparurent bientôt et la continuation d’un bon vent, pendant 4 jours, me porte à croire que S. A. R. a dû arriver heureusement à Halifax le 4 septembre.
Voilà, Monsieur le Ministre, les faits principaux du séjour de S. A. R. dans notre île, Le Prince nous a quittés suivi des vux ardents de toute notre population et il me serait impossible de vous exprimer les sentiments de plaisir, de reconnaissance et l’enthousiasme réel que son affabilité, son tact exquis, sa bienfaisance et son extrême bonté ont fait naître dans tous les curs.
Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, etc.
Mamyneau.
A son retour en France, le prince de Joinville exposa au ministre, dans un rapport détaillé les besoins de la colonie et notamment la demande des commerçants tendant à l’amélioration du port par l’exécution de travaux qui ont été réalisés depuis. Sur l’heure, les améliorations envisagées furent ajournées par une annotations écrite de la main du ministre sur le mémoire du Prince. « Tout ceci n’est malheureusement que trop vrai ; les faibles ressources du budget ne permettent pas d’y remédier ; il faudra y pourvoir par des ressources hors du budget ordinaire ».
La colonie devait attendre 80 ans avant de voir la réalisation des travaux de port en question.