Foyer paroissial, N° 78 : juin-juillet 1930, page 149.
— 1816 –
Dans les premiers mois de 1816, le Gouvernement français entreprend de remettre sur pied l’expédition que les évènements de 1815 avaient arrêtée. Les contrats avec les négociants des États-Unis pour la fourniture des matériaux de construction sont renouvelés et devront être rendus à Saint-Pierre en même temps que l’expédition, c’est-à-dire fin mai.
La frégate « La Revanche » est expédiée à Saint-Malo pour embarquer quelques approvisionnements et prendre le personnel administratif. D’autre part, la flûte « Caravane », les goélettes « Aminthe », « Brestoise » « Miquelonnaise » sont concentrées en rade de Brest, la flûte « Salamandre » et la gabare « Lionne », à Rochefort, pour prendre charge du complément des approvisionnements et embarquer les anciens colons résidant dans les départements d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-du-Nord, de la Charente-Inférieure et de la Gironde, qui seront répartis en définitive, avec la troupe, sur deux flûtes indigènes, Le dogre (6) « La Balance », de Cherbourg, se rend au Havre pour y prendre 80 réfugiés habitant le département de Seine Inférieure ; ce bâtiment doit les transporter à Rochefort ou à Brest, peut-être même directement à Saint-Pierre, selon les instructions qui lui seront données.
La division ainsi composée était placée sous les ordres du capitaine de frégate Ollivier, commandant de « La Revanche ». Elle devait quitter la France dans les derniers jours d’avril ; mais un événement douloureux préludera à son départ. « La Balance » fait naufrage, le 23 mars, entre Le Havre et Saint-Malo ; 37 malheureux réfugiés périssent dans ce sinistre ; et les survivants arrivent à Saint-Malo démunis de tout. Une somme de 6000 fr. est mise, par le ministre, à la disposition du sous-préfet de cette ville pour être distribuée, à titre de secours, entre les naufragés ; et ceux-ci sont transbordés sur « La Revanche ».
Il était dans la destinée de nos malheureux compatriotes de subir toutes sortes de tribulations. (A suivre) E. S.