Un peu de notre Histoire (9) Foyer paroissial, N° 13 : janvier 1925

Foyer paroissial, N° 13 : janvier 1925, pages 14-15.

Après les actes de mariage reproduits dans le dernier n° du « Foyer paroissial », voici, tels quels, des extraits mortuaires qui forment un supplément plein d’intérêt pour l’histoire d’une famille Miquelonnaise :

Extraits mortuaires du frère, de la sur, de la mère de pierre Onel, fils de feus Jacques Onel, irlandais.

Je soussigné certifie sur la déposition des quatre témoins sous-mentionnés, le nommé paul Onel frere de pierre Onel, fils de Jacques Onel defunt et de françoise Sire son épouse, ses pere et mere, âgé d’environ dix-sept à vingt ans, noyé il y a bien des années dans le dérangement des guerres il se trouvoit enfin résidant à l’isle St- Jean, havre de Bedekk ; de la il alloit à la Boujangane en Acadie ; il estoit monté dans un esquif escorté d’un autre esquif et d’un bateau sur lequel estoient montés plusieurs de mes paroissions actuels, hommes mariés aujourd’hui, lesquels ont vu périr les deux chaloupes, elles estoient montées ces deux chaloupes de quatre hommes, sçavoir dans l’une d’elles paul Onel avec un de ses oncles nommé de son nom de famille dit Mon-fils. Il a été retrouvé et enterré à la Boujangane ; ce qui est un fait certain comme me le déposent juridiquement sur les Saints Evangiles et sur le crucifix les quatre témoins ci-dessous nommés ; et un de mes paroissiens homme aujourd’hui marié nommé Jos Vigneaux dit Maurice lui-même l’ayant retrouvé, l’a enterre.

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Je soussigné certifie Marie Onel sur de Pierre Onel, fille du légitime mariage de feu Jacques Onel et de défunte françoise Sire son épouse ses pere et mere âgée d’environ dix-sept ans, décédée il y a longtems comme le dépose juridiquement sur les Saints Evangiles et sur le crucifix la nommée Anne poirier femme de pierre Onel, d’après le récit qu’elle a ouï, lorsqu’elle demeuroit alors à halifax (mais aujourd’hui domiciliée de mon isle Miquelon) d’un nommé Zacharie Richard, âgé d’environ quarante ans homme marié, et qui venoit de la philadelphie des Carolines, lequel lui a assuré l’avoir vue mourir en un hôpital à la Caroline, et qui plus l’avoir vue emporter de sa maison pour la déposer en son repos éternel. J’omets les autres circonstances de son décès et de son convoy. C’est ce que la dite anne poirier me certifie juridiquement, et le propre pere et la propre mere de la anne poirier femme de pierre Onel, scavoir claude poirier et Margerite Sire son épouse, ses pere et mere ont entendu dans le même tems ce même recit de la propre bouche de Zacharie Richard. Je ne m’étendrai point sur ce détail de preuves, je crois pouvoir et devoir me contenter d’affirmer sans aucune hésitation que elle est véritablement morte sur la déposition juridique que m’en font sur la foy publique les quatre témoins sous- mentionnés hommes prudents de nôtre isle Miquelon.

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Je soussigné certifie la nommé françoise Sire épouse en premières noces de Jacques Onel et mere du défunt paul Onel, et femme en secondes noces d’un nommé fournier Canadien, estre réellement décédé à la Caroline environ cinq ans après son second mariage c’est un fait certain, les quatre témoins ci-dessous inscrits avec la Anne poirier épouse de pierre Onel me le certifient juridiquement sur le bruit publique, je le dirai même certain la Anne poirier femme de pierre Onel et son mari ont été même invités il y a quelques années sçavoir environ quatre ans à retirer par charité le seul et unique enfant qu’elle avait eu en ce second mariage et lequel enfant étoit alors au cap françois chez un nommé Belle-avance, canadien comme vraisemblablement il y est encore actuellement.

L’on ne parle point ici d’un petit frere qu’a eu autrefois pierre Onel, et lequel mourût tout petit, comme décédé tout de suite : le fait est certain et incontestable.

Ainsi me déposent juridiquement sur les Saints Evangiles et sur le crucifix la mort réelle 1° de paul Onel, 2° de Marie Onel, 3° de françoise Sire les quatre témoins tant cités etc … Collationné etc. …..

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Suivant une coutume séculaire, les Acadiens se mariaient entre eux ; et, sauf de très rares exceptions, ceux venus à Miquelon, lors de la paix de 1763 ; continuèrent cette tradition. En effet, sur 82 mariages contractés

de cette date à 1778, on n’en relève que dix entre Acadiennes et sujets de France et un entre un Acadien et une métropolitaine. Trois mariages ont lieu entre personnes de France.

Ce ne sera vraiment qu’à partir de 1816 que les familles acadiennes de nos établissements, principalement celles établis à St-Pierre, s’assimileront peu à peu à la population sédentaire métropolitaine. Mais si de ce fait leur intégrité ethnique s’est beaucoup amoindrie, on aurait toutefois tort de croire que le sang des lointains aïeux à tout à fait cessé de circuler dans les veines des générations actuelles. Disons-le : il reste encore quelque chose de la race. De tempérament frondeur, mais bons enfants, les « Cadiens » possèdent une énergie obstinée, à tel point qu’on peut leur appliquer sans conteste le vieux dicton populaire rappelé par M. Lauvrière dans son ouvrage : « Entêté comme un Acadien ». Avec cela débrouillards, patriotes (ils l’ont bien prouvé pendant la grande guerre) et intimement attachés à leur foi religieuse. Enfin, pour employer la même expression originale dont se servit un voyageur visitant l’Acadie avant le « grand dérangement » et que cite le même auteur, (4) il importe de remarquer que les familles du pays sont « plantureuses en progéniture », ce qui fit l’admiration de M. Albert Sarraut, ministre des colonies lors de son rapide voyage dans nos îles, en janvier 1923.

Nous sommes persuadés que les lecteurs du Foyer paroissial nous sauront gré de leur donner, dans le prochain numéro, avec le lieu d’origine et la date du mariage, les noms, prénoms, professions des parties figurant dans les actes qui constatent les 14 unions dont nous avons parlé plus haut, et qui font exception, à cette époque, à la règle générale. (A suivre).

Grand Colombier

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