Un conseil de révision, pour les hommes de 20 à 37 ans avait eu lieu en septembre 1943.
Le 4 janvier, ceux qui avaient été reconnus « Bon au service armé », reçurent leur convocation pour le départ fixé au 11 janvier.
Le jour dit, le peut. vapeur « Béarn » amarré au quai de la douane était prêt à conduire le contingent au « Lady Rodney » mouillé en grande rade à cause de son tirant d’eau.
Un départ est toujours un moment quelque peu émouvant et qui plus est, quand il s’agit d’un départ à la guerre. Les visages étaient graves, l’émotion pesante et la population présente encore traumatisée par le drame qu’avait représenté pour l’archipel le torpillage de « l’Alysse » le 8 février 1942 et celui du « Mimosa » quelques mois plus tard le 8 juin 1942 entraînant la mort de 27 jeunes St Pierrais. (Ces corvettes des F.N.F.L. assuraient la sécurité des convois entre l’Angleterre et Halifax)
Ces douloureux événements étaient encore présents dans les mémoires et chacun pouvait s’interroger sur le devenir de ces 119 partants : Reviendraient-ils tous? Y aurait-il des morts ou des blessés ?
Tout à coup, un chant grave s’éleva du Béarn « Faut-il vous quitter sans espoir, sans espoir de retour » chant repris par la foule ainsi que son refrain plein d’espoir « Oui nous nous reverrons mes frères, ce n’est qu’un au revoir ». Le « Béarn » lâchait des amarres, de grands gestes d’adieu de part et d’autre; le contingent partait vers son destin…
Extrait du livre Le Contingent St-Pierrais & Miquelonnais par Gérard RIO avec la permission de sa fille, Mme Joëlle RIO.