La Croix : 6 janvier (Numéro 1096)
GAZETTE DU JOUR A ST PIERRE MIQUELON
UN HOMME QU’ON FAIT BIEN ATTENDRE
Zuzuarregui, pêcheur et saleur de morue à Saint-Pierre, a tué un de ses camarades. On l’a condamné à mort, mais on ne peut l’exécuter, parce qu’il n’y a pas de guillotine à Saint-Pierre où on n’a jamais encore guillotiné.
Le gouverneur, M. de Lamothe, a écrit qu’on lui envoyât Deibler. Mais Deibler est très occupé, et Deibler ne pouvant voyager qu’en transport de l’Etat, son déplacement coûterait à la colonie quelque chose comme 30,000 francs. Elle le trouve cher.
On reste embarrassé à Saint-Pierre. Certains ont proposé de jeter à l’eau Zuzuarregui, d’autres de l’expédier à la Roquette, où on lui ferait bien son affaire. Un charpentier a offert de construire un échafaud. mais il n’y a pas à Saint-Pierre de coutelier pour fournir le glaive
On avait demande au musée de Boston de prêter celui qui a servi à l’exécution de Marie-Antoinette, mais le musée, à qui l’exhibition de cette relique, vraie ou fausse rapporte pas mal, a refusé.
Un grand coutelier new-yorkais a offert alors de fournir 1 instrument, mais voici que maintenant on ne trouve plus de bourreau.
La cour tenant à l’exécution de son arrêt, le gouverneur vient de demander, à Paris, au moins un aide de Deibler.