Aux îles Saint-Pierre et Miquelon ainsi qu’en métropole, de nombreux événements de qualité ont été organisés pour célébrer le bicentenaire de la rétrocession définitive de l’archipel à la France : pièces de théâtre, festival littéraire, colloque d’histoire, commémorations.
Cependant, ces célébrations semblent parfois extirpées de leur contexte historique. Relégués aux rôles de figurants de saynètes, Louis XVIII, George III et Napoléon Bonaparte semblent distants et inoffensifs.
Pourtant, la condition sine qua non de la rétrocession des îles fut bien la Restauration des Bourbons sur le trône de France.
Revenons en aux faits : afin de mieux asseoir Louis Stanislas Xavier dit le désiré sur le trône de France, les Britanniques ont consenti à ce que plusieurs territoires soient rendus au royaume de France : la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, l’île Maurice, Tobago et Ste Lucie et Saint-Louis du Sénégal.
C’est dans ce contexte que les îles Saint-Pierre et Miquelon furent rétrocédées à la France, en application de l’article 13 du traité du 30 mai 1814 : « Quant au droit de pêche des Français sur le grand banc de Terre-Neuve, sur les côtes de l’île de ce nom et des îles adjacentes, et dans le golfe de Saint-Laurent, tout sera remis sur le même pied qu’en 1792. »
La Grande-Bretagne ne voulait pas d’une France impériale ou conquérante : tant que Napoléon Bonaparte était l’Empereur des Français, les Saint-Pierrais et Miquelonnais étaient condamnés à vivre comme des réfugiés dans les ports de France, de Nantes à Saint-Malo, de Bordeaux à La Rochelle.
Avec la restauration de la monarchie, l’Empire britannique était plus conciliante avec une France qui n’était ni révolutionnaire, ni impériale. C’est uniquement dans ce contexte que les îles furent rendues à la France : si les habitants des îles Saint-Pierre et Miquelon sont aujourd’hui citoyens français, c’est que ceux qui sont revenus en 1816 étaient bel et bien sujets de Sa Majesté Louis XVIII.
22 juin 1816 … A terre les troupes de la garnison sont sous les armes. Tout fut terminé aux cris de « Vive le Roy ». Le chargé du service put écrire le 25 juin au ministre : ‘Monseigneur, je suis enfin assez heureux pour pouvoir annoncer à votre Excellence que le pavillon Blanc flotte sur les isles ‘Saint-Pierre et Miquelon’. – Éphémérides de St-Pierre et Miquelon. Impr. du gouvernement, St-Pierre. SASCO, E. & J. LEHUENEN, 1970
Quelqu’un ira-t-il mettre une gerbe sur la tombe de Louis XVIII à la nécropole royale de Saint-Denis au nom des habitants de l’archipel ?
La République ne chancellera pas pour autant !
Note : en 1966, le Ministre Pierre Billotte présent aux îles pour le 150e anniversaire de la rétrocession n’a pas passé sous silence ce fait historique : « C’est en 1816, il y a donc cent cinquante ans, qu’a eu lieu la rétrocession de votre archipel au Gouvernement de Louis XVIII en exécution des traités de Paris. »