5 novembre, 2024

L’incendie du 2 au 3 novembre 1902

Informations parues dans le Journal Officiel des Iles Saint-Pierre et Miquelon
Samedi 8 novembre 1902, 37e année, numéro 45.


Gouvernement des Iles Saint-Pierre et Miquelon

Dans la tristesse du désastre survenu le 2 novembre dernier, c’est une consolation de rendre ce témoignage public à la population, au corps des pompiers, et au détachement de la gendarmerie: que tout le monde a fait son devoir. Il faisait calme, c’est entendu, mais par les mesures habilement prises, par l’empressement de nombreux citoyens à se dévouer au bien public, la ville de Saint-Pierre a pu être préservée d’une conflagration quasi totale. Le gouverneur p. i. adresse ses félicitations aux braves gens qui ont concouru à circonscrire le terrible incendie dont les suites à craindre faisaient un moment trembler tous les coeurs.


N° 180.-ARRÉTÉ autorisant la convocation du Conseil municipal de Saint-Pierre en session extraordinaire.
Saint-Pierre, le 3 novembre 1902.

Le Gouverneur p.i. des îles Saint-Pierre et Miquelon,
Chevalier de la Légion d’honneur,

Vu la demande du Maire de Saint-Pierre, en date de ce jour, tendant à obtenir, à la suite de l’incendie qui a détruit l’église de St-Pierre, l’autorisation de convoquer le Conseil municipal de cette commune en session extra ordinaire, à l’effet de délibérer sur les dispositions à prendre pour assurer provisoirement le service du culte;

Vu les articles 1632 et 17 du décret du 13 mai 1872, portant organisation d’institutions municipales aux îles Saint-Pierre et Miquelon;

ARRÊTE :

  • Article 1er. – Le Maire de la commune de St-Pierre est autorisé à réunir, sans délai, son Conseil municipal, à l’effet de délibérer sur l’objet ci-dessus énoncé.
  • Art. 2.- Le présent arrêté sera enregistré et communiqué partout où besoin sera et inséré au Journal et au Bulletin officiels de la colonie.

Me CAPERON.


Incendie du 2 novembre 1902
Monsieur le Gouverneur,

En vous transmettant le rapport du capitaine des pompiers, je tiens à signaler au Chef de la colonie le dévouement et le courage dont ont fait preuve M. l’abbé Dirassar et M. François Thélot, dans la circonstance. Le premier, après avoir brisé une fenêtre, pénètra dans l’église déjà en feu. Mais il s’aperçut vite qu’il n’y avait aucun moyen pour arrêter l’incendie qui prenait rapide ment de grandes proportions. Poursuivi par les flammes, il eut juste le temps de sortir par la grande porte qu’il ouvrit avec beaucoup de difficultés sans pouvoir, malgré ses efforts, y sauver quoique ce soit, la fumée l’étouffant.

François Thélot a beaucoup contribué à préserver des flammes la maison de M. E. Salomon et le grand café du Midi. Je vous signale tout particulièrement ces deux personnes tout en rendant hommage a l’habileté et au courage des sapeurs-pompiers et, en particulier, à l’énergie et au sang-froid du lieutenant E. Poirier qui, comme toujours, s’est bien comporté. –

La population entière a montré dans ce dernier incendie plus de bonne volonté que jamais.
Veuillez agréer, Monsieur le Gouverneur, l’assurance de mes sentiments respectueux.

LEFÈVRE MARIE.
Maire de Saint-Pierre


RAPPORT DU COMMANDANT DE LA Cie DES SAPEURS-POMPIERS DE LA VILLE DE SAINT-PIERRE.

L’an mil neuf cent deux, nous soussigné P. C. Hacala, capitaine commandant la Compagnie, portons à la connaissance de M. le Maire que le samedi 1″ novembre courant, à onze heures quarante cinq minutes du soir, ayant été averti par la rumeur publique et par le clairon qu’un incendie venait de se déclarer dans l’Eglise paroissiale, nous sommes transporté en toute hâte sur le lieu du sinistre. –

Dès notre arrivée l’Eglise était en feu et les flammes s’échappant de toutes parts atteignaient déjà le presbytère. A premier examen, avons constaté que le péril était grave et que nos efforts seraient inutiles pour tenter de sauver ces deux bâtiments en bois, déjà complètement en feu. Avec l’aide des personnes présentes, avons donc aussitôt fait établir sons la direction de M. G. Lefèvre  sous lieutenant de la C°, des grosses manches sur les prises d’eau Hooper et Cecconi et mettions en action une pompe à incendie, alimentée par les particuliers de manière à préserver les constructions bordant la rue Saint-Ollivier, faisant face à la côtière ouest de l’Eglise.

Pendant ce temps, une autre section de pompiers sous la direction de M. E. Poirier, lieutenant de la Cº établissait d’autres secours sur l’arrière de l’Eglise (côté Nord) avec les prises d’eau près de M »* V* Ed. Marie, de E. Houduce et place de l’hôpital, de façon à protéger efficacement l’Ecole communale des filles, qui aurait pu communiquer le feu aux vastes bâtiments du Pensionnat.

La tâche était difficile, car entre les sacristies et le cabanon de l’école, il n’y avait qu’un très petit espace; de là, la difficulté d’empêcher le feu d’y prendre à plusieurs reprises. Ce résultat n’a été obtenu que par la persévérance et à force de l’inonder.

Au plus fort de l’incendie, le feu envahissait de tous côtés le Palais de Justice par ses nombreuses ouvertures et de deux côtés à la fois : par le presbytère au Nord, par l’Eglise à l’Ouest. Aussitôt je faisais fixer à proximité deux nouvelles manches, l’une sur la place même, l’autre dans le jardin du Gouverneur. A l’aide de ces deux emprises et d’une pompe alimentée par le puits de la gendarmerie, notre seule préoccupation était de sauvegarder la Poste ainsi que l’hôtel du Gouvernement et ses dépendances en empêchant le feu de faire explosion dans le Greffe, car si malheureusement les flammes étaient arrivées à lécher à si petite distance la Poste, c’en était fait de ce bâtiment ainsi que de tous ceux l’avoisinant.

Fort heureusement l’eau a été abondante, avec une bonne pression tout le temps, ce qui nous a permis de maîtriser les flammes qui se ruaient de toutes parts.

Le lendemain 2 courant, à 3 heures du matin, tout danger d’une plus grande conflagration avait disparu. Les prises d’eau et pompes ont continué leur fonctionnement jusqu’à 3 heures du soir.

Vers 4 heures, je faisais établir le crapaud sur la prise d’eau de la place de l’Eglise, de manière à lancer plusieurs jets sur les décombres embrasés de l’incendie, et sommes restés dans cet état de veille jusqu’au lundi 3 courant à 6 heures du matin. –

Je suis heureux d’exprimer ma satisfaction à Messieurs les officiers de la Compagnie pour la promptitude dans les secours apportés ainsi qu’aux sous-officiers, caporaux, clairons et sapeurs pour le zèle et le courage dont ils ont fait preuve.

Tous sont dignes d’éloges et il me serait difficile d’en signaler particulièrement. Je remercie également toutes les personnes qui sous une forme quelconque ont prêté leur bienveillant concours en la circonstance. –

Saint-Pierre, le 3 novembre 1902.
Le Capitaine Commandant la Compagnie,
P.-C. HACALA.

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