4 mai 1901 – Journal Officiel de Saint-Pierre et Miquelon – p 97
Noces d’or,- lundi dernier une cérémonie assez rare réunissait dans l’Eglise de St-Pierre une nombreuse assistance. M. Alexandre & [Mme Joséphine] Farvacque célébraient leurs noces d’or à l’occasion du cinquantième anniversaire de leur mariage. A les voir droits et vaillants, malgré le poids des années, on recevait l’impression d’un couple qui avait pris le meilleur de l’existence en ne comptant que sur lui-même et en puisant dans une affection mutuelle inaltérable la force d’être supérieur aux hasards et aux peines de la vie. –
A l’offertoire, M. l’abbé Frappart. dans une touchante allocution, a développé ce thème que Dieu bénit les nombreuses familles. Thème exact, quand on voyait, groupés autour de M. et Mme Farvacque, des fils et des petits-fils dont la sollicitude pour les auteurs de leurs jours se lisait dans les yeux. M. Farvarque a eu sept enfants et il a eu le bonheur de les conserver tous. N’est-ce pas l’idéal rêvé de l’existence que de gravir la côte, s’appuyant l’un sur l’autre, escorté de ses enfants, entouré de l’estime de ses concitoyens ? Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. A qui le dites-vous, ami La Fontaine ? Les joies intimes sont les seules vraies, parce qu’elles ne doivent rien à personne.
Nous souhaitons à M. et à Mme Alexandre Farvacque de vivre encore une couple d’années, sans espérer cependant pour eux le renouvellement de la légende de Philémon et Baucis qui, parvenus au dernier confin de la vieillesse, ont eu la joie de voir s’opérer simultanément cette métamorphose : pendant que Philémon devenait chêne, Baucis se transformait en tilleul… –
Hélas ! les arbres ne poussent pas à St Pierre, mais à part ce dénouement mythologique, la tendre affection qui unissait les vieux époux de l’antiquité a trouvé dans cette colonie deux représentants fidèles.
- C.