25 septembre 1891 Feuille officielle de Saint-Pierre-et-Miquelon
Jusqu’au dernier moment, on a cru que les disciplinaires ne nous quitteraient pas. On se plaisait à espérer que la colonie, obéissant à ses véritables intérêts, tiendrait à conserver la main-d’oeuvre disciplinaire, quitte à supporter la charge, un peu lourde peut-être, de la solde du cadre. Cette charge d’ailleurs, disons-le, aurait été contrebalancée par les dépenses qu’occasionne une garnison dans un pays. Il n’en a rien été. Le Conseil général n’ayant pas voulu se prêter à la combinaison, pourtant bien acceptable, que lui offrait le sous-secrétariat des colonies, le détachement des fusiliers disciplinaires a été retiré avec ses officiers, et ainsi se trouve rompue la tradition qui voulait que notre armée fut représentée dans ces iles, dernier vestige de nos possessions de l’Amérique du Nord. –
Les premières troupes envoyées à Saint-Pierre sont arrivées en mai 1854, sous les ordres de M. Bourgeois, lieutenant d’artillerie de marine. Ces troupes se composaient d’un détachement d’artillerie de Marine et d’un détachement du 2° régiment d’infanterie de Marine, commandé par le sergent-major Adolphe.
Ces troupes ont été renvoyées en France en 1858. En 1861, un détachement de 50 hommes de la 2º compagnie de disciplinaires coloniaux fut envoyé de la Guadeloupe, sous le commandement de M. Girozé, lieutenant.
Remplacé en 1863 par M. le lieutenant Duchemin, (aujourd’hui général de brigade);
Remplacé en 1866 par M. le lieutenant Lanoë.
Le 27 mars 1867, à la suite d’une demande d’augmentation d’effectif faite par le gouverneur de la colonie, une décision impériale supprima le détachement de disciplinaires coloniaux qui s’y trouvait pour le remplacer par la compagnie de discipline de la marine. Cette compagnie, sous les ordres du capitaine-commandant Fabre, du lieutenant-comptable Brullé et du sous-lieutenant Lucmau, se composait d’un sergent-major, d’un fourrier, de trois sergents, six caporaux, deux clairons et 31 disciplinaires.
Le dépôt était à Oléron.
Au mois de mai 1870, MM. Dupuy, lieutenant-comptable, et Legot, sous-lieutenant, arrivent dans la colonie et remplacent MM. Brullé et Lebouvier, partis à la fin de 1869 . – –
Le capitaine Fabre quitte la colonie vers la fin de décembre 1870 et est remplacé par le lieutenant Dupuy.
Au mois de mai 1871, M. Gravié, arrivé dans la colonie à bord du transport l’Eurydice, prend le commandement de la compagnie.
M. Legot nommé lieutenant vers la fin de 1872 rentre en France. M. Dupuy malade obtient un congé de convalescence, et la compagnie reste sous le commandement d’un seul officier, M. le capitaine Gravié.
C’est alors que surgit l’affaire Lefrançois. Le capitaine Gravié ayant fait valoir que les moyens de répression n’étaient pas suffisants dans ces îles et que les disciplinaires avaient trop de liberté, intervient le 10 mars 1873, une décision du Président de la République qui ordonne le transfert de la compagnie de discipline de St-Pierre et Miquelon aux Saintes et son remplacement par un détachement de disciplinaires coloniaux tiré de la compagnie de la Martinique.
Ce détachement comprenait 50 hommes avec 1 lieutenant et 1 sous lieutenant.
Il fut commandé tour à tour:
En 1874 par le lieutenant Boyer, (victime d’un accident de chasse au Cap-Blanc);
En 1876 par le lieutenant Baule; sous-lieutenant Reynaud;
1879 par id. Fournié; id. Raynaud;
1880 par id. Noël; id. Nicolas;
1882 par id. Nicolas; id. Rival.
A cette époque l’effectif fut porté à 90 hommes, et en 1884 on remplaça le lieutenant par un capitaine, afin que le commandant des troupes soit d’un grade au moins égal à celui des autres fonctionnaires (médecins, commissaires, etc.) et aussi pour appuyer son autorité et lui donner plus de prestige.
Nous avons vu passer tour à tour comme commandants du détachement: 1884, M. le capitaine Noël; 1887, M. le capitaine Lecorgne; et enfin 1889, M. le capitaine Rouvel.
Il faut savoir aussi que la garnison n’a pas toujours été casernée au pied de la montagne. La caserne primitive était sur l’emplacement du collège, lequel était l’ancienne église.
Ce n’est qu’au printemps de 1868 que les travaux de la nouvelle caserne ont été commencés sur les plans du conducteur des travaux, Dolisie. Inaugurée en 1872, elle ne comprenait alors que la moitié du bâtiment qui s’est complété depuis.
Aujourd’hui la caserne est vide, et il est vraisemblable que la Marine lui donnera une autre destination en y transportant les bureaux de l’inscription maritime, qui se trouve à loyer dans le local qu’elle occupe.