par Histoire chronologique de la Nouvelle France ou Canada, depuis sa découverte (mil cinq cents quatre) ju[s]ques en l’an mil six cents trente deux, par le Père Sixte Le Tac.
CHAPITRE QUATORZIEME
Les Anglois envoyent sommer le sieur de Champlain de rendre le sort de Québec & ce qu’ils firent dans les deux expéditions de 1628 & 29.
[…] Cependant comme le Sr de Roquemont ſ‘acheminoit vers l’iſle Saint-Barnabé où etoit lerendés-vous de ses vaiſſeaux, il fit rencontre de la flotte angloiſe qui venoit droit à luy pour le combattre; il ne vit pas la partie égaie, il en prit l’epouvante & ſ’enfuit en confuſion. Les Anglois le pourſuivirent juques au lendemain trois heures après midi qu’ils le ſaluèrent d’une volée de canon; les noſtres repondirent & auſſitôt commença un très furieux combat de part et d’autre qui tourna à l’avantage des Anglois âpres 15 heures de bateries pendant leſquelles il fut tiré plus de douze cents coups de canon. Les noſtres qui manquoient de poudres & de plomb & qui avoient meme employé celuy de leur lignes furent obligés de demander compoſition surtout lorsqu’ils virent l’admiral périr à fleur d’eau de deux volées de canon. La compoſition fut qu’il ne feroit fait aucun tort aux Religieux, femmes & filles, qu’ils donneroient paſſage à un chacun & qu’ils partageroient le butin entre eux. Dans ce combat il y eut deux François tués & quelques uns de bleſſés.
Les Anglois [sous le commandement de David Kirke] victorieux de noſtre flotte allèrent aux isles Saint-Pierre où ils trouvèrent quatre navires basques de Saint-Jean de Luz chargés de molûes & abandonnés de matelots. Ils ſ‘en ſaiſirent & en quittèrent un pour renvoyer les priſonniers de qui ils eſpéroient le moins, tels qu’etoient les PP. Recollects, un gentilhomme nommé Faucheur, ſa femme & cinq enfans, un médecin & 15 ou 16 matelots bearnois. Ce navire etoit tout leur refuge, mais les Baſques à qui il appartenoit vinrent le reprendre ſitot qu’ils virent les Anglois en mer. Voila des gens dégradés qui ne ſçavent de quel bois faire flèche. Les matelots avec une chalouppe ſ‘en vont à Plaisance chercher un navire; les PP. Recollects & les autres furent obligés d’attendre là ſix ſemaines juques à ce que le navire baſque fut preſt à partir. II les reçût par grâce & les mena à Bayonne.
