5 novembre, 2024

1882 – Pilote de Terre-Neuve

1882 – Pilote de Terre-Neuve
Volume 1, Extrait – Pages 164 à 180
Par le vice-amiral Georges-Charles Cloué

Les îles de Saint Pierre et Miquelon sont décrites d’après le travail de M l’ingénieur hydrographe de la Roche Poncié complété par nous en 1859 et par le commandant Le Clerc en 1878 et en 1881.

L’ILE DE SAINT-PIERRE est située à 35 milles à l’OqSO du cap du Chapeau Rouge et à 10 milles au SO de la pointe de May. Elle est aride et son plus haut sommet s’élève à 204 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le profil de l’île est mamelonné, ce qui sert à la distinguer de sa voisine la Petite Miquelon, dont le profil est presque horizontal. On peut apercevoir l’île de Saint-Pierre de 30 milles de distance et, lorsqu’on vient de l’Est, on distingue bientôt à sa pointe Nord le haut rocher escarpé nommé Grand Colombier. Dans ce cas, la Tête de Galantry située à la partie SE de l’île se projettera sous la haute terre ainsi que la tour à feu qui y est établie. Si l’on vient du SO, la Tête de Galantry sortira de l’eau à droite des hautes terres de l’île. On verra alors à gauche de ces hautes terres et à la même hauteur le profil presque plat de la Petite Miquelon.

PHARE : La Tête de Galantry est un mamelon élevé de 57 mètres au-dessus du niveau de la mer. En 1862, on y a établi, sur l’emplacement de l’ancien feu fixe, un feu tournant qui montre des éclats blancs de 20 en 20 secondes. Il est élevé de 64 mètres et peut être aperçu de beau temps à 18 milles. Masqué dans la partie du Nord par les hautes terres de l’île, il est visible dans un secteur de 265 degrés quand on le relève entre le S 5° O et l’Est en passant par l’Ouest et le Nord. La tour semi-cylindrique qui le supporte est adossée à une maison carrée. La position du phare est 46° 45′ 43″ N et 58° 29′ 52″ O. Des irrégularités ont été signalées dans l’éclairage du phare de Galantry. Après avoir pris des précautions pour éviter la congélation de l’huile, on attribue ces irrégularités à des phénomènes de brume qui font que le bas de la tour est quelquefois visible sans que l’on puisse discerner le foyer de lumière.

Sifflet de brouillard : Un sifflet à vapeur a été établi en contrebas et à 45 mètres de la butte que surmonte la tour du phare. Il fonctionne du 15 mars au 1er décembre quand il y a du brouillard ou tempête de neige et exceptionnellement du 1er décembre au 15 mars de deux en deux semaines à l’époque de l’arrivée à Saint-Pierre du steamer postal d’Halifax. Le sifflet produit toutes les minutes un son grave pendant 6 secondes avec des intervalles de 54 secondes de silence. On peut l’entendre à 10 ou 15 milles en calme ou avec vent portant et de 3 à 6 milles pendant une tempête ou vent contraire selon l’état de l’atmosphère. Ce sifflet remplace les coups de canon que l’on tirait autrefois. Cependant, lorsque par suite de réparations à y effectuer le sifflet ne pourra pas fonctionner, il sera tiré un coup de canon d’heure en heure quand il y aura du brouillard ou tempête de neige et aux mêmes époques que le sifflet. Indépendamment de ces signaux réguliers, il est répondu coup pour coup aux navires qui demandent leur position en tirant le canon mais jusqu’au coucher du soleil seulement. En outre, pendant le mois d’avril de chaque année, le sémaphore de Galantry signale sans frais aux navires à destination du golfe et de la rivière Saint-Laurent qui en font la demande par signaux l’état des glaces et du temps dans le golfe communiqué tous les jours par les stations d’Anticosti, du cap Rosier, du cap Madeleine, de l’île Grosse et de House Harbour.

Depuis le Sud jusqu’au SE de l’île de Saint-Pierre, toutes les terres dont la Tête de Galantry forme la partie Est sont beaucoup plus basses que le reste de l’île. C’est dans le NO du phare de Galantry, entre lui et la haute terre, qu’est situé le Barachois ou Port de Saint-Pierre. L’île aux Chiens est située au Nord de Galantry, dont elle est séparée par la passe du SE. Cette île est basse ainsi que les flots nommés île aux Vainqueurs et île aux Pigeons situés à l’Est et au NE de sa pointe NE.

PHARE : Sur la pointe Leconte, extrémité Ouest de l’île aux Chiens, est situé un phare à feu fixe rouge et blanc au sommet d’une tour rouge en fer, élévé à 19 mètres au-dessus de la haute mer. Sa portée est de 7 milles. Le feu apparaît blanc dans un angle de 40 degrés quand on le relève depuis le N 64° O jusqu’au N 24° O ; il apparaît rouge dans un angle de 123 degrés quand on le relève entre le N 24° O et le S 81° E, c’est-à-dire lorsqu’on est près des dangers de la passe du SE et dans le Barachois.

Île aux Vainqueurs : Un mamelon de 31 mètres de hauteur situé à la partie Nord de l’île aux Vainqueurs s’appelle cap à la Chèvre. À 1 petite encablure au NE de ce cap se trouve le rocher Plat élevé de 4 mètres et à l’E q NE à 600 mètres du même cap gît un rocher élevé de 6 à 4 mètres et nommé îlot Noir. Un îlot nommé île Pelée se joint à mer basse à la partie SE de l’île aux Vainqueurs. Enfin, au NE q N de l’île aux Pigeons, sont deux rochers élevés de 6 mètres nommés les Canailles ; le plus au large est à 300 mètres de l’île aux Pigeons. Le rocher Haché, élevé de 4 à 8 mètres, est à la même distance mais dans l’Est de la même île.


Planche V. J. Geisendörfer, graveur. 

La RADE DE SAINT-PIERRE est à l’Ouest de l’île aux Chiens entre cette île et la haute terre de l’île de Saint-Pierre. On y entre par plusieurs passes situées soit au milieu des îles soit entre elles et l’île de Saint-Pierre. Les abords de l’île de Saint-Pierre ne sont sains que sur la partie de la côte qui regarde l’Anglade ou Petite Miquelon. Tout le reste est semé de basses, dont plusieurs sont touchables et éloignées de terre de 1 mille ; toutes ces basses brisent dans les mauvais temps.

L’Enfant Perdu est un très petit rocher à peine élevé de 1 mètre au-dessus de la pleine mer et situé à l’E SE à un peu plus de mille de l’île Pelée. La Petite Basse, avec 3m 5 d’eau, est à 350 mètres plus au large et dans la même direction. La Grande Basse : À 1 500 mètres à l’Est de l’île Pelée et 600 mètres au NE q N de l’Enfant Perdu est située la Grande Basse avec 1m 5 d’eau seulement. Étant sur son sommet, on a l’îlot Noir cachant le rocher Canaille du Nord et l’Enfant Perdu à toucher la Tête de Galantry.

Les Cailloux de Terre : On nomme ainsi un large banc avec deux têtes de 8 et 7 mètres qui gît du S 25° O au S 38° O à environ 700 mètres de l’Enfant Perdu et à 1 200 mètres entre le S 33° E et le S 25° E de l’île Pelée. Étant sur la tête de 8 mètres, on voit l’Enfant Perdu par l’extrémité orientale des terres de Lameline et l’extrémité NE de l’île aux Pigeons par l’extrémité NE de l’île aux Vainqueurs. Sur la tête de 7 mètres, qui est la plus Ouest, on voit la Canaille du Sud à toucher l’extrémité NE de l’île aux Vainqueurs et les dernières roches de la pointe Blanche entre l’île aux Chasseurs et les roches de la côte. On évite ces basses ainsi que celles de l’Enfant Perdu en tenant la pointe Blanche par l’île aux Chasseurs. La basse Bataille, de 3m 7 d’eau entre l’île Pelée et la tête de Galantry, a son sommet à 50 mètres au Nord de l’alignement des deux feux de la pointe au Canon. On y relève :

  • Le grand magasin d’Aigremont situé sur l’île aux Chiens vu un peu à gauche de la Pierre Blanche qui se projette sous un petit sommet escarpé à gauche du point culminant de l’île Saint-Pierre.
  • La partie droite du Grand Colombier vue entre deux maisons dans le SE de l’anse à Tréhouart..

Le Caillou au Chat, avec 16 mètres d’eau, est à 1 100 mètres dans l’Est du cap Noir qui forme la pointe extérieure de l’entrée de la passe du SE au pied du phare de Galantry. La basse Gélin, sur laquelle on trouve 11 mètres d’eau, est à 1 500 mètres au N 75° E du cap Noir.

Quand on est sur son sommet, l’extrémité de la pointe Blanche est cachée par l’île aux Chasseurs, située à toucher la côte au pied du phare de Galantry, et le sommet pointu qui sert aussi pour la basse Bataille est au-dessus du talus de l’extrémité Sud de l’île aux Chiens. Les Grappinots, avec 14 mètres d’eau, sont au SE q E du phare et distants de 500 mètres de l’île aux Chasseurs. De leur sommet, on voit le cap à l’Aigle par une butte de la partie Sud de l’île aux Chiens. La basse des Grappins, de 8 mètres d’eau, est exactement dans l’alignement précédent à 1 000 mètres au S 9° E des Grappinots. On a de plus pour autre amer la pointe à Savoyard par une roche de la pointe Blanche. Vue No 16.

Les deux basses de la Tournioure sont au SO q O de la pointe Blanche, l’une avec 9 mètres et l’autre avec 5 mètres d’eau. De cette dernière, qui est la plus au large, on relève le phare de Galantry par les gros rochers de la pointe Blanche et le rocher à Mare Cadet par la chute Ouest des hautes terres de l’île. Des sondes d’origine anglaise ont annoncé dernièrement de plus petits fonds sur les basses de la Tournioure, mais une vérification attentive a fait reconnaître qu’il n’y a rien à changer aux profondeurs d’eau assignées ci-dessus à ces basses.

La basse du Bélier, avec 2 mètres d’eau, est située à 1 300 mètres à l’O q NO du Diamant et à 750 mètres de la côte. La Perle, qui découvre aux deux tiers du jusant, est à peu près à mi-distance de ces deux dangers, mais à 350 mètres de terre seulement. Attention : Lorsqu’on est surpris par de la brume dans cette partie de la côte de Saint-Pierre, il ne faut pas s’approcher de terre par moins de 25 à 30 mètres d’eau. En temps ordinaire, on évitera ces dangers lorsqu’on n’amènera pas la pointe Blanche derrière celle du Diamant.

La POINTE À SAVOYARD est la partie la plus saillante de l’île vers l’Ouest. C’est le prolongement de la chute des hautes terres. Au SSO de cette pointe, et à la distance de 500 mètres, se trouve la basse de Savoyard, platier d’une encablure de diamètre avec une tête de 1 mètre d’eau. On pare ce danger lorsqu’on découvre le pied de la côte Ouest de l’île à gauche de la pointe à Savoyard. La côte Ouest de Saint-Pierre est escarpée, saine et accore. Le Grand Colombier, haut de 150 mètres, est distant de 500 mètres de la pointe Henry, qui est la plus septentrionale de l’île de Saint-Pierre. C’est un énorme îlot de roche très escarpé, couvert d’herbe au sommet et rempli de crevasses dans lesquelles font leurs nids, au printemps, des myriades de calculots, macareux et autres oiseaux de mer.

La basse de l’Ariège, située à 300 mètres au nord de la partie ouest du Grand Colombier, est une tête de 14 sur une étendue de 7 à 8 mètres autour de laquelle on trouve à 15 mètres de distance des fonds de 8 mètres et à 30 mètres de distance des fonds de 14 mètres. Du sommet de cette basse, on voit les deux pointes NE du Grand Colombier légèrement fermées au S 81 E et la pointe ouest de la même île au S 25 O, démasquant juste à mi-hauteur de son versant un petit piton sur la côte de Saint-Pierre (Vue N° 22). Il y a bon passage entre le Grand Colombier et la basse de l’Ariège. Ce petit îlot de roche est à 100 mètres au Petit Colombier, NE du Grand Colombier. La basse du Colombier, sur laquelle il ne reste que 4 mètres d’eau, est à 600 mètres au NE du Petit Colombier. Du sommet de cette basse, on voit le phare de Galantry par-dessus le cap à l’Aigle, un peu mordu à droite de la falaise de ce cap, et la droite du Petit Colombier par le point culminant du Grand Colombier. On est à l’est de la basse lorsqu’on a le phare par le pied du cap à l’Aigle.

La côte de l’île de Saint-Pierre, en dehors de la rade et en allant vers le Grand Colombier, est bordée de plusieurs falaises escarpées. La plus sud, qui forme la pointe de la rade, est le cap à l’Aigle et se trouve à peu près sur le parallèle de l’île aux Pigeons. À 800 mètres plus au nord, est une haute falaise rougeâtre nommée cap Rouge. L’intervalle entre ce cap et le cap à l’Aigle, jusqu’à 450 mètres au large, est semé de dangers. Le Petit Saint-Pierre est un rocher de 6 mètres de haut situé à 450 mètres à l’est du cap à l’Aigle. Il est accore dans toute sa partie extérieure, mais à une encablure dans l’ouest de ce rocher et dans le NE du cap à l’Aigle, il y a une basse de 2 mètres. On a établi en 1865 sur le sommet du Petit Saint-Pierre une tourelle blanche en maçonnerie de 6 mètres de haut, surmontée d’une aiguille de paratonnerre et visible de 5 milles. Les Cailloux à Malvillain s’avancent entre le cap à l’Aigle et le cap Rouge jusqu’à près d’une encablure de la côte, et à environ 200 mètres au NE de ces rochers, sur la ligne qui joint le cap Rouge au Petit Saint-Pierre, il y a un petit fond de 9 mètres.

La PASSE DU NORD-EST est très large, le louvoyage y est facile. En venant par le Nord des îlots, après avoir évité les basses de l’Enfant Perdu à l’aide des marques données ci-dessus, on reconnaîtra successivement l’îlot Noir, le rocher Haché et les Canailles. Tous ces rochers sont sains ainsi que la partie Ouest de l’île aux Pigeons et la partie Nord de l’île aux Chiens. On les évite tant qu’on ne cache pas derrière le Petit Colombier le cap Percé situé sur l’Anglade. Le feu rouge est placé de telle sorte que tant que les navires louvoyant dans la passe du NE l’apercevront à gauche du cap à l’Aigle, ils n’auront pas à craindre les basses du cap Rouge. Rafales : On devra se défier des rafales entremêlées de calme par les vents du SO sous les hautes terres depuis le cap Rouge jusqu’au cap Diable situé à la partie NO de l’île ainsi que dans la passe à Henry et au Nord du Grand Colombier.


Planche VI. J. Geisendörfer, graveur. 

ÎLE MASSACRE : En arrivant au Sud du Petit Saint-Pierre, on remarquera à 1 encablure de la partie SO de l’île aux Chiens un îlot de roches sur lequel il y a plusieurs cabanes. C’est l’île Massacre. Le Flétan, qui vient à fleur d’eau à basse mer, est situé entre l’île Massacre et la partie NO de l’île aux Chiens, un peu plus près de l’île Massacre. Cet intervalle n’est pas sain et les louvoyants devront virer en dehors de la ligne qui joint les pointes. Une bouée portant le N 9 marque la position du Flétan.

MOUILLAGE DE LA RADE : On mouille sur la rade de Saint-Pierre le long de la haute terre de l’île ayant l’île Massacre du Sud au SE par 12 ou 17 mètres d’eau, fond de sable ou sable gris vaseux, tenue passable. On affourche SE et NO, les vents les plus dangereux étant ceux de NE qui produisent beaucoup de mer.

PASSE AUX FLÉTANS : Pour franchir cette passe, il faut gouverner sur la partie Sud de l’île aux Chiens en la tenant à l’O NO jusqu’à avoir le Gros Nez, rocher remarquable situé entre l’île aux Chiens et l’île aux Vainqueurs, par le cap Baudry qui est la pointe la plus Nord de l’île aux Chiens (Vue No 18). On suit alors cet alignement jusqu’à environ 1 encablure du Gros Nez. Dans cette position, on a par bâbord à moins de 1 encablure la basse de la Marie Rose qui découvre de 0m 5 dans les grandes marées. On gouverne alors entre le cap Baudry et l’île aux Pigeons de manière à laisser le Gros Nez à encablure sur bâbord et même moins, ce rocher étant accore du côté de la passe, puis on contourne le cap Baudry à la distance de 1 encablure et l’on se trouve bientôt sur la rade. Avec les vents de l’Ouest au NO, les bâtiments qui sont trop grands pour louvoyer dans la passe du SE franchissent bâbord amures la passe aux Flétans.

La PASSE DU SUD-EST, située entre Galantry et l’île aux Chiens, est rétrécie d’abord par la pointe de l’anse à Bertrand qui s’avance à mi-chemin du cap Noir à l’île aux Chiens. Elle est encore plus rétrécie par les rochers à Bertrand, élevés de 2 à 4 mètres au-dessus de l’eau et situés dans le chenal à 300 mètres au NNE de la pointe de l’anse à Bertrand. Il n’y a pas de passage pour les navires entre cette pointe et les rochers. Une balise blanche en maçonnerie, surmontée d’un pyramidion pointu d’une hauteur totale de 8,5 mètres, a été établie sur le rocher à Bertrand principal et peut être aperçue de 5 milles. À 1 encablure au NNO du rocher à Bertrand le plus Nord se trouve la basse du Saint Louis avec 1,5 m d’eau dessus, située à égale distance de la pointe de l’anse à Bertrand et de l’île aux Chiens. Une bouée portant le N 10 est mouillée à l’accore Nord de cette basse et devra par conséquent être laissée sur bâbord en entrant. Le chenal passe entre l’île aux Chiens, qui n’est pas accore et qu’on laisse à tribord, et les rochers à Bertrand qu’on laisse à bâbord ainsi que la basse du Saint Louis. La direction la plus avantageuse à suivre est indiquée exactement par l’alignement du feu fixe blanc de la pointe au Canon par le feu fixe rouge.

La basse Rallier est située au milieu de la passe du SE, entre la basse du Saint Louis et le phare de l’île aux Chiens, très peu au Nord de l’alignement des deux feux. On y trouve deux têtes de 4,6 et 5 mètres, espacées de 70 mètres dans la direction de l’alignement des feux. De la tête de 4,6 mètres, qui est la plus à l’Ouest et se trouve à 100 mètres au Nord de la basse du Saint Louis, on a le phare de Galantry par la tête ronde du rocher à Bertrand intérieur, le versant intérieur du mamelon du cap Noir masqué par la balise du rocher à Bertrand et le phare intérieur légèrement ouvert à droite du phare de la pointe au Canon (Vue N° 19). Cette basse n’empêche pas les navires de moins de 4,5 mètres de tirant d’eau de franchir la passe du SE sur l’alignement des feux à toute heure de marée lorsque l’état de la mer le permet. Si l’on tient à passer à côté de la basse Rallier, il suffit de prendre le phare intérieur à gauche et à toucher le phare de la pointe au Canon jusqu’à ce que le cap Noir ait passé derrière la balise du rocher à Bertrand.

La basse de la Clorinde, sur laquelle il reste 3,3 mètres d’eau, se situe dans la passe du SE, à 100 mètres au Nord de l’alignement des feux et à 150 mètres de la pointe Plate, entre cette pointe et les rochers à Bertrand. De cette basse, on voit le Pain de Sucre au-dessus, mais un peu à droite.

Basse de l’Indre : Une basse de 3,9 mètres a été déterminée en mai 1882 par M. Reculoux, lieutenant de vaisseau commandant l’Indre, à 230 mètres au S 48 E vrai de l’extrémité du cap Noir. De cette basse, on voit le cap Rouge un peu à gauche de l’église de l’île aux Chiens, le calvaire sous la chute gauche du sommet du Pain de Sucre. La pointe blanche vient de se cacher derrière la falaise de Galantry, qui est en face de l’île aux Chasseurs. Le milieu de la caserne des Disciplinaires est par l’extrémité du cap Noir derrière laquelle le feu rouge de Saint Pierre vient à peine de se cacher. Dans le NE, l’îlot Noir est à toucher l’île Pelée. En tenant le cap Rouge au N 5° 30′ O, ouvert à l’Est du cap Noir d’une quantité égale à la longueur du rocher qui termine ce cap, on passe à terre de la basse.

Instructions : Avant l’établissement des deux feux de direction, on chenalait en suivant l’alignement de deux balises qui existent encore. Celle d’en bas, placée sur le bord de la mer au Nord de l’anse à Rodrigue, doit être tenue exactement au-dessous de la Pierre Blanche, grosse roche blanchie située au sommet de l’escarpement de la côte de la rade. Lorsqu’en suivant cet alignement, on a amené la vigie d’Aigremont, balise pyramidale située sur une colline au fond du Barachois, par le phare de la pointe au Canon, on doit venir sur tribord pour suivre par l’arrière ce dernier alignement qui conduit au mouillage entre l’île Massacre et la haute côte de Saint Pierre. Si l’on est entré en suivant l’alignement des deux feux, on l’abandonne pour gouverner sur la Pierre Blanche, balise supérieure dont il vient d’être parlé, lorsque l’île Massacre se détache de l’île aux Chiens. On suit cette nouvelle route jusqu’à l’alignement de la vigie d’Aigremont par le phare de la pointe au Canon et l’on continue comme il a été dit précédemment. Si on louvoie en dedans de l’île Massacre, il faut virer de bord dans l’anse à Rodrigue avant d’amener la vigie d’Aigremont par le pied du petit fortin qui forme rempart à la naissance des roches de la pointe au Canon afin d’éviter la basse de la Zoé de 0,4 m située sur cet alignement à 200 mètres en face de la partie Nord du banc de galets qui borde le fond de l’anse, ainsi qu’une autre basse de 2,3 m située sur le même alignement à 140 mètres au NNE de la Zoé et à 160 mètres de la côte, et une troisième basse de 1,4 m dans le SO de la Zoé et à 120 mètres du milieu du banc de galets. La basse de la Zoé est signalée par une bouée portant le N 8.

Pointe au Canon : Au Sud de l’anse à Rodrigue, le terrain bas sur lequel s’élève le bourg de Saint Pierre est prolongé vers l’île aux Chiens par une pointe de roches séparée de la côte à la pleine mer et nommée pointe au Canon. C’est sur l’extrémité Est de cette pointe qu’est établi le feu blanc dont nous avons déjà parlé. La roche la Vache, située à 75 mètres dans le Sud de ce phare, est surmontée d’un tronc de pyramide en maçonnerie blanche de 2,5 m de haut. L’île aux Moules est entre la pointe au Canon et l’anse à Bertrand, à peu près à 1 encablure de la première. Elle est basse, de roches et s’étend à 500 mètres dans la direction du SO. Une jetée réunit cette île à la pointe Ouest de l’anse à Bertrand.

BARACHOIS DE SAINT PIERRE C’est entre l’île aux Moules et la pointe au Canon qu’est l’entrée du Barachois de Saint Pierre. Les bâtiments calant au plus 3m5 d’eau peuvent seuls y entrer et encore ne peuvent-ils le faire qu’à la mer haute. Au-dessus de 3,5 de tirant d’eau, les navires ne peuvent entrer que dans les grandes marées seulement car il ne reste que 2 mètres aux plus basses eaux sur la barre de galets de l’entrée. Deux bouées de halage numérotées 11 et 12 sont placées entre la pointe au Canon et l’île aux Moules. La tenue des ancres est assez mauvaise dans le Barachois cependant on peut s’y regarder comme en sûreté car il n’y a jamais beaucoup de mer pour un navire et l’on s’y échoue bien rarement de manière à être compromis.

Le BOURG DE SAINT PIERRE, 3,000 habitants, est assis sur la côte Ouest du Barachois dont les rivages sont occupés tout autour par les établissements de pêche et de sécherie. Instructions: Les navires qui viennent à Saint Pierre par l’Ouest peuvent, suivant la direction du vent, passer par le Sud ou par le Nord de l’île. Nous rappelons que vue de l’Ouest, l’île de Saint Pierre avec son profil mamelonné ne pourra jamais être confondue avec l’Anglade ou Petite Miquelon dont le profil est sensiblement horizontal. Le passage entre Saint Pierre et l’Anglade, qui a 3 milles de large, fort improprement appelé la Baie par les habitants du pays, est très sain, les côtes de chaque côté étant tout à fait accores. Pour raccourcir la route, on peut prendre la passe à Henry entre le Grand Colombier et l’île de Saint Pierre en rangeant plutôt le Colombier que l’île. Toutefois, il faut avoir une brise bien établie, sans cela une fois dans le passage les hautes terres de chaque côté envoient de tous les bords des risées entremêlées de calme et au lieu de gagner du temps on en perd, on peut même être fort embarrassé et obligé de mouiller.


Planche VII. J. Geisendörfer, graveur. 

Brume: C’est donner beaucoup au hasard que de venir chercher l’île de Saint Pierre avec un temps de brume épaisse, on peut toucher sur un des dangers extérieurs bien avant de voir la côte. Aussi, à moins de se trouver subitement enveloppé par la brume étant près de l’île dans une position bien connue et qui n’oblige pas à une complication de routes pour aller au mouillage, à moins d’un temps bien maniable d’un navire très manœuvrant et dont on se sent tout à fait maître, et nous insistons sur toutes les conditions énoncées ci-dessus, nous taxerons d’imprudence toute tentative d’atterrir et d’entrer à Saint Pierre avec une brume épaisse. Il est certains cas cependant où l’on peut, surtout avec un bâtiment à vapeur et si la brume n’est pas extrêmement épaisse, essayer de gagner le mouillage en gardant toutes les chances possibles en sa faveur. Supposons que la brume retienne un bâtiment sur la partie NE du banc de Saint Pierre, le temps est maniable, il survient une éclaircie qui permet de voir Saint Pierre et l’Anglade, puis la brume reprend comme auparavant. On n’a pas omis de relever les terres en vue, on peut donc courir sur l’Anglade qu’on attaque par sa partie Sud faisant face à Saint Pierre. C’est une côte escarpée accore, on peut mettre le beaupré dessus. Quand on la tient, on fait l’E q SE ou l’E SE pour venir chercher de la même manière la côte NO de l’île de Saint Pierre et en suivant celle-ci le Grand Colombier. Soit qu’on laisse cet îlot au Sud en évitant les basses de l’Ariège et du Colombier, soit qu’on fasse la passe à Henry, on prend son point de départ sur la pointe Est du Grand Colombier, on fait 1 mille au SE q S, puis on vient au SO ce qui conduit au milieu des navires en rade. Il n’y a d’erreur possible que sur l’estime de la route pendant 1 mille, mais on arrive dans une position où l’on a la chance de ne rencontrer que des îles ou roches accores telles que la partie Quest de l’île aux Pigeons, la partie Nord de l’île aux Chiens et le Petit Saint Pierre. Il est bien entendu que si l’on a été pris par la brume dans le NE de Saint Pierre en vue du Grand Colombier, la manœuvre à faire serait de venir attaquer cet flot par l’Est et de se diriger ensuite comme nous l’avons dit plus haut. Toute autre tentative pour entrer par l’Est ne peut pas être conduite avec précision comme la précédente. Il faut tâtonner, la sonde donne peu d’indications car les dangers sont entourés d’une eau profonde, dès lors on a autant de chances de se perdre que de réussir.

MARÉES: L’établissement du port de Saint Pierre est 8 heures 33 minutes. La mer marne de 2 mètres dans les grandes marées. Le courant de flot entre par la passe du SE et par la passe aux Flétans pour sortir par celle du NE. Le jusant suit la direction opposée. Cette régularité ne s’observe que près de terre. À une petite distance au large, le courant porte presque constamment vers le NNO et n’est que faiblement influencé par le courant dû à la marée qui est assez faible dans ces parages. Sur la rade de Saint Pierre, le courant de marée est quelquefois assez fort pour tenir les navires en travers à une très forte brise. Il est même arrivé que des navires ont été en danger de sombrer sous l’effort d’un courant violent opposé à un vent qui soufflait en tempête. Entre Saint Pierre et l’Anglade, détroit que les pêcheurs nomment la Baie, le courant de flot porte au NE dans la direction du canal, il ne renverse que 1 heure ou 1 heure 30 minutes après le moment du plein et souvent il ne fait que mollir pour continuer vers le NE. Position de l’île Massacre: 46°47’N 58°29’55 »O. Déclinaison de l’aiguille: 27°40’NO en 1866. L’ÎLE VERTE, haute de 47 mètres, est située à 4 milles au NO 40 de la pointe Est du Grand Colombier, sa plus grande dimension est 1 mille de l’Est à l’Ouest. Un groupe de rochers nommés îlots de l’Île Verte est à de mille au Sud de cette île, le plus méridional de ces rochers nommé l’Enfant Perdu de l’Île Verte est éloigné de 1 mille 15. Au NE de ce groupe de rochers et à un peu plus de mille au Sud de la pointe Est de l’île Verte gît une basse qui couvre à deux tiers de flot, cette basse est accore. Il y a bon passage entre la basse, les îlots et l’île Verte et l’eau est profonde autour de ce groupe.

La PETITE MIQUELON, plus communément appelée L’ANGLADE, est située à 3 milles à l’Ouest de l’île de Saint Pierre. Elle est très accore, ses flancs sont escarpés excepté à ses parties Nord et NO. Son sommet, à peu près plat, a en moyenne 160 mètres de hauteur. Lorsqu’on le voit du Sud, il paraît presque horizontal. Quand on est dans l’Ouest, on remarque à la partie NÓ de l’Anglade plusieurs mamelons plus élevés que le reste de l’île. L’Anglade a 7 milles de long du NÑE au SSO et 4 milles du SE au NO. Vue No 23 : Pointe Plate. Des brisants s’étendent à 1 encablure environ de la pointe Plate, extrémité Ouest de l’Anglade. Un sifflet de brume, d’une tonalité plus aiguë que celui de Galantry et d’un timbre strident et déchiré, est installé sur la pointe Plate. Il produit chaque minute 3 sons successifs de 4 secondes de durée, espacés de 4 secondes et suivis de 49 secondes de silence. Un phare du premier ordre, scintillant et d’une portée de 20 milles, est en construction sur la pointe Plate. Il n’existe le long des côtes de l’Anglade que des mouillages accidentels suivant le vent qui souffle. Le meilleur est dans la partie NNE par 12 mètres fond de sable vis-à-vis de l’anse de la Belle Rivière, située entre le cap aux Morts et le poste de gendarmerie. Chaussée de Miquelon : L’extrémité Nord de l’Anglade, formée de dunes de sable assez élevées, s’avance directement au Nord en s’abaissant et se rétrécissant à la fois pendant 1 mille ; puis cet isthme s’élargit de nouveau et rejoint la partie Sud de la Grande Miquelon, qui est basse, bordée de dunes de sable et en partie recouverte par un étang de 2 milles de large, nommé le Grand Barachois, autrefois havre des Dunes, dans lequel on fait entrer de petites goélettes lorsque la mer est haute. La partie la plus étroite de la chaussée de sable qui sépare les deux îles Miquelon a environ 300 mètres de large. En 1757, les deux îles ont été séparées et il s’était formé une passe de 500 mètres de large, dans laquelle on avait de 3 à 4 mètres d’eau à mer basse. En 1781, le chenal s’est comblé, les deux îles ont été réunies, et tout récemment encore beaucoup de navires qui, peut-être, croyaient encore à l’existence de ce passage, sont venus se perdre aux environs de l’endroit où il a existé. Le fond est très plat maintenant de chaque côté de cette langue de sable ; néanmoins, il ne nous paraît pas impossible que ce qui est arrivé en 1757 se renouvelle et que la mer se creuse de nouveau un passage qu’elle comblerait plus tard. La trace des bouleversements antérieurs est conservée dans les archives de la colonie par la note suivante de 1784 e : « Les deux îles actuellement réunies ont été séparées de temps à autre par un canal que la mer se fraye à travers l’isthme de l’Anglade dans des ouragans, où elle développe sur le rivage des lames monstrueuses qui entraînent avec elles des parties de cet isthme, composées d’herbe, de sable et de gravier. Ce canal se comble dans la suite des débris de naufrages, dont la côte de l’Ouest est jonchée, et des apports que le ressac de la mer détache de cette côte et que les courants portent sur l’isthme avec un amas considérable de plantes marines. Il est probable que c’est ainsi que la Petite et la Grande Miquelon furent séparées en 1757 et réunies en 1781.


Planche VIII. J. Geisendörfer, graveur. 

La GRANDE MIQUELON s’étend à 10 milles au Nord du Grand Barachois ; elle a 6 milles de largeur Est et Ouest, et son profil est très mamelonné. Plusieurs des sommets de cette île ont 200 et 250 mètres de hauteur. Une langue de terre basse d’abord, et de mille de large, prolonge la Grande Miquelon au NO ; puis se recourbe au NE, en forme de croissant ; cette langue de terre devient montagneuse jusqu’au cap Miquelon, montagne de 185 mètres de hauteur, qui forme l’extrémité Nord de l’île.

L’anse de Miquelon est formée par la courbe de la côte, qui se dirige vers le cap Miquelon. Le mouillage de l’anse est exposé aux vents d’Est ; il n’est guère fréquenté que par des goélettes qui vont s’échouer sur la grève lorsque le temps est menaçant au large. Avec des vents d’Ouest, il leur arrive quelquefois de dérader. Le bourg de Miquelon est bâti au fond de l’anse, sur le côté de la terre basse qui regarde l’Est. Lorsqu’on est à 4 ou 5 milles au large, la langue de terre où est le bourg est noyée, et les hautes terres du cap Miquelon paraissent être une île. À la partie Sud de l’anse de Miquelon, sur la côte NE de l’île, et à environ 3 milles au Sud du cap Miquelon, est une montagne pointue fort remarquable, élevée de 112 mètres, et que l’on nomme le Chapeau de Miquelon. Attention : Il faut, en entrant dans l’anse de Miquelon, écarter la pointe qui est à 1 petit mille à l’O-NO du pied de la montagne du Chapeau, à l’endroit où la côte tourne à l’O-SO vers le bourg de Miquelon. Une roche à fleur d’eau, nommée la Chatte, et un platier de 0m 5 s’étendent à près de de mille au large, et les petits fonds de 2 mètres s’avancent presque au double de cette distance. La pointe aux Soldats est à 4 milles à l’E-SE du Chapeau.

Rochers de Miquelon. Vis-à-vis de cette pointe, à 1 mille à l’Est, se trouve le groupe des rochers de Miquelon ; presque tous découverts, les plus en dehors et en même temps les plus visibles sont accores. Il y a passage à terre de ces rochers, mais il convient de n’y passer que si l’on y est obligé. Une basse de 3 TM 4 gît à 2 7 milles au N 33 E du plus en dehors des rochers de Miquelon, et un haut-fond de 8 mètres se trouve à 0 8 milles au S 67 E du même rocher.

Phare _________ : On a ordonné la construction d’un phare du deuxième ordre sur le cap Blanc, derrière le bourg de la grande Miquelon. Il aura une portée de 16 milles, et sera tournant à éclat de minute en minute. 14. Les Veaux Marins sont des rochers dangereux qui gisent à 5 milles de la côte, à l’Ouest, et vis-à-vis du milieu de la Grande Miquelon. Leur distance au cap Blanc, situé au pied du Calvaire, derrière le bourg de Miquelon, est de 6 milles, dans la direction SO. Ces rochers sont élevés d’environ 5 mètres au-dessus de l’eau ; ils forment deux groupes principaux distants l’un de l’autre de près d’un mille. Il y a passage entre les deux groupes, qui sont suffisamment accores, et bonne profondeur entre eux et l’île de Miquelon. 1. Bouées sonores : Des bouées à sifflet automatique doivent être prochainement établies auprès des Veaux Marins.  Note : Le brick de guerre français la Vedette s’est perdu corps et biens sur les Veaux Marins pendant une nuit de mauvais temps en 1841.

LA PÊCHE : Les îles de Saint Pierre et Miquelon sont tout ce qui reste à la France des vastes domaines qu’elle posséda dans l’Amérique du Nord. L’île de Saint Pierre, grâce à son port, centralise la plus grande partie des opérations de la pêche des bancs. C’est là que les pêcheurs s’approvisionnent de hareng au commencement de la saison et de capelan au mois de juin. La rade est alors encombrée de navires, au point que plusieurs d’entre eux sont obligés de mouiller auprès du Petit Saint Pierre, c’est-à-dire à 1 mille de la ville. Les navires qui ont sécherie à Saint Pierre y déposent leur première pêche en venant chercher le capelan nécessaire pour la seconde. Quelques-unes de ces sécheries sont très importantes ; elles sont, pour la plupart, desservies par les compléments d’équipage des navires banquiers qui ont été mis à terre aussitôt l’arrivée. Destinés spécialement aux travaux des habitations de pêche, et surtout des grèves de sécherie, qu’à Terre Neuve on nomme graves, ces hommes sont désignés à cause de cela sous le nom de graviers. Le hareng et le capelan, qui servent d’appât ou de boîte pour prendre la morue, se pêchent en majeure partie sur la côte anglaise. Aussi, ce sont les habitants des côtes voisines de Saint Pierre qui s’occupent de cette pêche, et viennent en vendre les produits à nos pêcheurs. On estime, en moyenne, à plus de 500,000 francs le prix payé chaque année par les pêcheurs français aux Anglais qui leur fournissent la boîte. Les riverains anglais apportent ce précieux poisson à Saint Pierre, sur de petites goélettes nommées galopeurs. Les premiers arrivés se font payer fort cher ; on se dispute à qui traitera avec eux, et l’on peut dire même que quelquefois on les prend à l’abordage, car c’est à qui retournera en pêche le plus tôt possible, et à Terre Neuve surtout, le temps vaut de l’argent. Les Anglais de la baie de Fortune et des environs, qui ont fait le commerce de la boîte au printemps, reviennent à Saint Pierre à l’automne avec leurs galopeurs chargés de bois à brûler pour l’approvisionnement des habitants. La plus grande partie de l’argent payé pour la boîte et le bois de chauffage aux riverains anglais est échangée, par ceux-ci, à Saint Pierre, contre des vivres et des marchandises diverses.

ARMEMENTS DE PÊCHE : Nous avons dit que les îles de Saint Pierre et Miquelon arment chaque année, en moyenne, 80 goélettes montées par environ 650 hommes pour la pêche des bancs ; elles arment, en outre, pour la pêche du golfe, une quinzaine de goélettes montées par 120 hommes, et 350 embarcations diverses employées avec 700 hommes à la pêche sur les fonds qui avoisinent les îles et dans la partie Sud du golfe de Saint Laurent. 12.

LES TRANSPORTS À MORUE : Les navires pêcheurs ne portent pas toujours leur pêche sur les marchés de la métropole ; ils ne la portent presque jamais sur les marchés des colonies françaises, et sur ceux de l’étranger. Une cinquantaine de navires de transport sont spécialement employés à faire ces voyages ; ce sont généralement de bons marcheurs, mais jamais d’un fort tonnage, afin de ne pas apporter sur les marchés trop de poisson à la fois, ce qui aurait pour conséquence une baisse de prix, et une vente désavantageuse.

POPULATION : La population sédentaire des îles de Saint Pierre et Miquelon est d’environ 4,100 habitants. À certains moments de la pêche, cette population est plus que doublée. La petite ville de Saint Pierre a été, deux fois, en 1865 et 1867, presque entièrement détruite par l’incendie. Chaque fois, la ville a été promptement reconstruite, car ses actifs et industrieux habitants ne se sont pas découragés, et nous ne doutons nullement que le succès ne couronne les efforts persévérants qu’ils font pour effacer les traces de ces grandes calamités. Sur toute la côte anglaise, depuis le cap de Race jusqu’à la baie de Fortune, les habitants ont pour principale industrie la pêche du hareng et celle de la morue. Ils pêchent ce dernier poisson même pendant l’hiver, et souvent avec un grand profit ; ils s’occupent aussi un peu de la chasse des animaux à fourrure.

Grand Colombier

Le GrandColombier.com est un site recensant tout document historique ayant un lien avec les îles Saint-Pierre-et-Miquelon : traités, cartographie, toponymie, archives, sources primaires, études, recherches, éphémérides. Le site est dirigé par Marc Albert Cormier. Profil Acadmedia.edu: https://independent.academia.edu/MarcAlbertCormier

Voir tous les articles de Grand Colombier →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Widgets powered by AB-WebLog.com.