23 mars, 2025

1894 – Nécrologie : M. Claireaux

Un fonctionnaire si modeste qu’il soit, quand il a rempli ses fonctions avec zèle et ponctualité, mérite les éloges funèbres, une fois que la mort nous prive de ses services.

Tel a été le patron Claireaux.

Il n’avait pas son pareil pour conduire et diriger une embarcation. Son autorité s’exerçait sans conteste, et jamais ceux qu’il commandait n’auraient eu l’idée de contredire son même critique un de ses ordres. Ils lui obéissaient silencieusement, aveuglément.

Gai, affable, obligeant, Claireaux était pour les nombreux étrangers fréquentant notre port une figure de connaissance, faisant apprécier le caractère français. Sa perte a donc été vivement ressentie.

Il n’avait que cinquante et un ans, et était tout près d’avoir droit à sa retraite.

Ses obsèques ont eu lieu ce matin au milieu d’un concours empressé. Le Gouverneur p. i. et la plupart des fonctionnaires avaient tenu, en l’accompagnant, à lui donner un dernier gage d’amitié.

Sur sa tombe, M. Lecomte, contrôleur-adjoint, chef du service des Douanes, a été l’interprète de tous en prononçant les paroles suivantes :

« Je ne veux pas m’éloigner de cette tombe sans adresser un suprême adieu au fonctionnaire dévoué qui va y trouver son dernier repos.

Claireaux est un enfant du pays, et depuis plus de vingt ans qu’il le sert comme patron de la Palache, chacun sait l’énergie et la prudence qu’il lui a fallu déployer pour remplir les missions souvent difficiles qui lui ont été confiées. Mais, dans nos parages plus encore que partout ailleurs, la mer terrible vient à bout des plus braves et des plus habiles: le 22 février 1891, Claireaux faisait naufrage à l’Ile-aux-Chiens et n’échappait que par miracle à une mort immédiate. Ses jours, hélas, devaient être désormais comptés. Depuis, sa santé ne s’est jamais complètement rétablie, il portait les germes du mal; la mort l’avait désigné et elle vient de l’arracher brusquement à l’affection de sa famille qui perd en lui un chef bien aimé et son unique soutien.

Adieu! brave et digne serviteur, adieu! vaillant marin, tu emportes dans la tombe les regrets et l’estime de tes chefs et l’affection de tes subordonnés. »

Document numérisé et reproduit numériquement à partir de l’original, aux Archives de Saint-Pierre-et-Miquelon. 

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