Jeudi, vers 4 heures 1/2 du soir, toute la partie Est de la toiture du lavoir public, plus de 12 mètres d’étendue, s’est effondrée avec un craquement sinistre. Une douzaine de femmes, en train de faire la lessive, n’ont eu, heureusement, aucun mal, grâce à une circonstance providentielle qui a voulu que M. Lefèvre, Maire, premier adjoint, faisant fonctions de Maire, averti par le gardien du lavoir que les chevrons craquaient, passant trois quarts d’heure auparavant pour inspecter le bâtiment.
Pressentant un danger possible, M. Lefèvre, accompagné de M. Gravé, agent-voyer et de M. Borthaire, maître charpentier, avait prescrit aux blanchisseuses de se retirer hors de l’endroit où la toiture menaçait ruine. Si cet ordre n’avait pas été donné, certainement les malheureuses femmes eussent été prises sous les décombres et noyées dans la pièce d’eau sur laquelle elles se penchaient. Quoique cela, Mme Célina Walsh, veuve Jean Menguy, a été renversée par un bout de chevron et contusionnée à un doigt et à la figure. Elle s’est évanouie de frayeur, les autres femmes passant sur son corps, affolées.
On doit attribuer l’accident à la vétusté de la toiture. Quoique la construction ne date que de 1882, la buée emmagasinée sous cette voûte fermée avait accompli son œuvre destructive. Les pièces de bois que nous avons ramassées étaient comme calcinées après un incendie, archi-pourries, s’effritant en lamelles poussiéreuses. La réfection de la toiture s’impose à bref délai.
Le blanchissage est pour de pauvres femmes — des veuves notamment — le seul gagne-pain. C’est bien le moins que dans leur dur métier elles soient arbitrées contre les intempéries. Nous savons, d’ailleurs, que le Conseil municipal s’est réuni le lendemain de l’accident et est décidé à prendre en mains les intérêts du lavoir public.
Document numérisé et reproduit numériquement à partir de l’original, aux Archives de Saint-Pierre-et-Miquelon.