22 novembre, 2024

1925 : Saint-Pierre et Miquelon

LA NATURE.
Revue des sciences et de leurs applications à l’art et à l’industrie.
13 juin 1925, Masson et Cie, Editeurs, 120 boulevard Saint-Germain Paris.
SAINT-PIERRE ET MIQUELON

Nos petites îles de St-Pierre et Miquelon , simples établissements de pêche, près des Bancs de Terre-Neuve (1) sont en général assez ignorées du public, et même des fins gourmets, qui savent pourtant apprécier une succulente brandade de morue.
Bien modeste assurément la place qu’elles occupent sur la mappemonde, et plus petite encore la mention qui leur revient dans l’histoire des races de l’Amérique Septentrionale.
Si vous jetez un regard sur la région des Bancs, elles vous apparaissent comme des points minuscules, au Sud-Ouest de la grande terre, à 16 km de la Pointe de Lameline, par 46°46′ de latitude Nord et 58° 30′ de longitude Ouest.
Ces îles, qui se trouvent à 3780 km de Brest, forment un Archipel composé de trois terres principales, fort inégales en dimensions : Saint-Pierre, Miquelon, l’île-aux-Chiens, auxquelles viennent s’adjoindre quantité de rochers inhabitables, dotés de noms pittoresques : le Grappin, les Grappinots, le Flétan, le Gros Nez, l’île Pelée, l’enfant Perdu, les Canailles, etc. La superficie totale est de 24 159 hec. 69 ares, dont 2600 pour Saint-Pierre et 50 seulement pour l’île-aux-Chiens, tandis que les deux Miquelon couvrent l’une 9000 hectares et l’autre 11500 (1). En réalité, ces îlots lointains, perdus tout là-bas dans la brume et les flots, mais uniquement peuplés de Français pur sang, sont moins une colonie qu’un prolongement de la Mère-Patrie au delà du Grand Lac Salé que forme l’atlantique.

1. Située entre le 56°30′ et le 51’40’ de latitude Nord, entre le 52°35′ et le 59°30 » de longitude Ouest, la grande île de Terre-Neuve se place en travers du Golfe de Saint-Laurent, à l’Est du Labrador, dont elle est séparée par le détroit de Belle-Isle. On compte 60 miles du Cap Breton et 10 milles du Labrador.
2. L’Ile mesure 316 m. du Cap Ray au Cap Breton et 317 m. du Cap Anguille au Cap Spear. La superficie est évaluée à 46 000 milles carrés ; le circuit costier a 6000 milles. La population est d’environ 250 000 habitants. Le Grand Banc de Terre-Neuve, situé au Sud-Est de l’Ile est long d’environ 500 km sur une largeur de 360, avec une profondeur moyenne de 45 mètres.
En dépit de leur isolement, au milieu des établissements anglais de Terre-Neuve et du Canada, ils constituent sans contredit la plus française de toutes nos Colonies, ou, mieux encore, un coin de la vieille France perdu dans l’océan (2).
Les trois îles qui la composent semblent trois pierres détachées du collier magnifique de nos côtes bretonnes et portées là-bas par quelque tempête d’avant l’histoire ; la ressemblance des deux pays est singulière et frappante ; même ciel gris et pluvieux, même lumière mélancolique pour éclairer la falaise qui baigne ses pieds de granit dans des eaux en révolte. Le paysage des terres n’est  égayé par aucun arbre et les ruisseaux qui se tordent, comme des anguilles dans l’océan, ne donnent à ce rocher que le printanier sourire de rares prairies (3)….
Saint-Pierre. – L’Ile de Saint-Pierre est un rocher aride, au sol granitique et tourmenté, avec ces mamelons, tels que le Pain-de-Sucre et la Vigie, qui n’atteignent pas 200m d’altitude : amas de roches croulantes, en partie revêtues de mousses et de lichens, aux flancs totalement dénudés, ou parsemés d’une végétation roussâtre et rabougrie, à demi enfoncée dans les replis des roches natives, qui conservent parcimonieusement quelques traces de terre végétale.
Saint-Pierre dit assez judicieusement Robert de Caix, n’est qu’un désert rocheux et tourbeux, de 6 à 7 km de diamètre. Sans doute, au Sud-Est, l’île se prolonge par une région basse et presque plane, où un grand nombre de Saint-Pierrais entretient un petit carré de pommes de terre, de choux et de radis, mais ces surfaces cultivées sont une minuscule exception, presque une violence faite à la nature.
1. De la superficie totale, il convient de déduire les eaux intérieures, évaluées approximativement à 1136 hectares, dont 120 pour Saint-Pierre et 1016 pour Miquelon.
2. Le bateau-courrier, qui dessert Saint-Pierre, touche à Sydney, Nouvelle-Ecosse (185 m.) pendant l’été, mais durant l’hivernage, il doit gagner Halifax (385 m.) pendant que la Baie de Sydney est clavée par les glaces. Boston se trouve à 670 milles et New York à 895 milles de Saint-Pierre.
3. J. de Bonnefon ; Le journal 2 mars 1903.
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A chaque pas, la roche crève la couche de terre végétale qui la recouvre seulement par endroits comme une loque….
Dans le creux de cette terre bossuée, des aunes, des sapins, des genévriers forment une brousse inextricable. Mais tous sont des arbres nains, qui semblent ne pas oser s’élever dans l’air hostile et restent cramponnés au sol, sur lequel ils rampent de toutes leurs branches ; En résumé, c’est une forêt vierge, mais unique en son genre, où l’on marche non pas sous la ramure, mais sur la cime des arbres … et à l’ombre de son chapeau !
Pour le voyageur qui arrive d’Europe, le premier aspect n’a rien de séduisant. Figurez-vous, a dit un globe-trotter, une vaste étendue d’eau salée ; puis, au milieu de l’eau, des rochers entassés tels Pélion sur Ossa ; enfin, sur ces rocs mêmes installées à la diable et distribuées en longues perspectives, plusieurs rangées de constructions en bois… et vous avez une idée de Saint-Pierre. De l’eau, des rochers, des cabanes : voilà tout le paysage, quand il est éclairé par le soleil ; mais, lorsque vient la brume, – elle vient souvent, pendant les mois  d’été, – on ne voit plus rien, rien que la brume opaque, froide, intense !..
Le tableau est loin d’être flatté : mais tout le monde sait, là-bas, que nos habitations de ville ne sont point des cabanes de pêche, et que le home Saint-Pierrais n’a rien à envier, sous le rapport de l’élégance et du confortable, aux villas suburbaines de la banlieue de Paris.
Il fait bon vivre dans nos petites maisons de bois coquettes et fleuries ; enfin, tel le charbonnier de Paul Déroulède, le Saint-Pierrais est le maître chez soi !
L’île a 26 km de pourtour, 7 km ½ de long et 5 ½ dans la plus grande largeur.
Les flancs sont accores, inabordables ; mais par contre, la rade est fort bien abritée, pourvue de quais en bois, avec cales et appontements. Autour de Saint-Pierre se groupent un petit nombre d’îlots de moindre importance ; l’île Verte, la plus éloignée, avec son phare, qui appartient aux gens de Terre-Neuve ; le Grand-Colombier, à l’entrée de la Baie, séjour choisi des oiseaux de mer et siège attitré de la République des Calculots (Voyez Chateaubriand : Le génie du christianisme) ; Le Petit Colombier, tout voisin ; l’île aux Pigeons, l’île aux Massacre, ancien domaine des Sire, où l’on dépeçait autrefois les baleines, et enfin l’île-aux-Chiens, peuplée de hardis Normands, les premiers pêcheurs du monde à la turbutte (probablement turlutte ?) !.
Le Chef-lieu de la Colonie, Saint-Pierre, s’étend sur le littoral, au Sud-est de l’île, et les habitations, entièrement en bois, s’échelonnent au flanc des collines, dominées par un gigantesque Calvaire.
Les principales constructions de la ville ancienne, plusieurs fois ravagées par l’incendie, sont édifiées en matériaux résistants, avec toitures incombustibles.
L’église en ciment armé, spacieuse et richement décorée à l’intérieur, présente à distance, avec sa tour carrée et trapue, l’aspect d’une poudrière. Plusieurs routes carrossables permettent de circuler en bicyclettes et en voitures à chiens, voire même en automobiles (1) pour se rendre à Robinson et à Savoyard, au Diamant, au Cap à l’Aigle et à Galantry, à l’anse à Pierre, à l’anse à Ravenel, à l’anse à l’allumette, qui sont les principaux lieux de pêche, pendant la saison, c’est-à-dire de Pâques à la Saint-Michel. Les deux câbles, anglais et français, viennent aboutir à Saint-Pierre. La tête de Galantry est surmontée d’un phare à éclats, visible à 18 milles au large ; un second phare, le Feu Rouge fixe, se trouve au milieu de la ville ; un troisième surmonte la balise de la Vache, à l’extrémité de la Pointe aux Canons, autrefois Pointe du Cimetière. Une vieille batterie, en ruines,  remplace le champ du repos, où dormaient les anciens colons. Tout récemment, un nouveau feu a été installé sur le Petit Saint-Pierre à l’entrée de la rade.
Depuis 1918, et grâce à son état de prospérité croissante, la Colonie Saint-Pierraise s’est enrichie de nouvelles fondations tout à fait imprévues, par lesquelles s’inaugure une période de réorganisation et de progrès.
On a commencé par bâtir, à l’extrémité du Cap à l’Aigle, un gigantesque Frigorifique. Après avoir été éprouvé par le feu, le Frigo, qui a coûté nombre de millions, sert présentement de dépôt de charbon pour les chalutiers ; Cette colossale bâtisse, qui écrase de sa masse hautaine les modestes cabanes des petits pêcheurs, sans égayer beaucoup le morne paysage, se reflète dans les ondes du Barachois .

1. On compte actuellement 30 camions et 4 voitures automobiles.
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Une station radiotélégraphique a été établie à la Tête de Galantry, tout près du phare, qui domine la passe du Sud-Est : deux postes de secours relient Langlade et Miquelon avec le chef-lieu de la Colonie.
Désormais, le Pays des Morues est en communication directe avec la Tour Eiffel. On ne pourra plus dire maintenant que Saint-Pierre est le bout du monde.
L’île-aux-Chiens. – Une passe d’environ 900 m. de largeur sépare Saint-Pierre de L’île-aux-Chiens située à l’Est, et qui protège la Rade et le Barachois contre les  vents du large et les envahissements de la banquise hivernale. Aride et basse, cette digue naturelle, longue de 4800 m., sur 400 m. de largeur moyenne, occupe une superficie de 50 hectares environ, et compte 4 km de pourtour, en suivant toutes les sinuosités du rivage. Le point culminant est un massif de rochers, qui porte le nom de Mont-à-Regrets ; A la pointe Leconte, au Sud-Est, se trouve placé un feu fixe, rouge et blanc, qui peut être aperçu de 7 milles en mer.
Une batterie, depuis longtemps désarmée, commandait autrefois l’entrée de la Passe, du côté Nord près de l’anse à Tréhouart. Face à Saint-Pierre, et bordant la rade, le village aligne ses maisons basses sur une seule rue ; partout, le sol rocheux est disposé en graves, pour le séchage de la morue. L’église, aux amples dimensions, flanquée en façade d’un élégant clocher, domine tout l’agglomération.
Miquelon. – L’île de Miquelon, également rocheuse, mais avec des fonds cultivables, s’étend dans la direction du Nord, sur une quarantaine de kilomètres et comprend deux parties bien distinctes ; la Grande Miquelon, au nord et la Petite Miquelon appelée aussi Langlade, plus au sud.
Cette dernière n’est séparée de Saint-Pierre que par un canal de 4 à 5 kilomètres, assez curieusement appelé La Baie. Le courant rapide, les lames courtes et brutales font de ce passage un coin redouté des vieux loups de mer anglais, qui l’ont surnommé la Gueule d’Enfer ; « Mouth of the Hell » Le cap qui le domine porte aussi le nom de Cap au Diable ; et donne au site un aspect quelque peu dantesque.
Les anciens avaient érigé un calvaire, en face du Grand Colombier sur la Pointe-à-Henry, qui porte, sur les cartes de 1763, le nom de Pointe-à-la-croix. Langlade est un plaisant rendez-vous, pendant la belle saison, pour les pêcheurs, chasseurs et amateurs de farniente. On y trouve des étangs et des ruisseaux regorgeant d’anguilles et de truites saumonées, des coteaux boisés où la tanière de Maître Renard voisine avec les terriers de Jeannot-Lapin, des fourrés où nichent les perdrix, des marais peuplés d’oiseaux aquatiques et migrateurs ; on y trouve même des fraises sauvages délicieuses et des framboises ; en général, une végétation autrement riche et pittoresque que sur tout le reste de l’Archipel. Il ne faut pas perdre de vue que ces îles furent autrefois boisées, aussi bien que les côtes de Terre-Neuve. On y trouvait encore des arbres pour la construction des bateaux, vers 1767. C’est alors que la population acadienne se vit contrainte aux déboisement, à la suite des mesures draconiennes prises par les Bostonnais pour empêcher toute livraison de charbon aux malheureux insulaires. On y trouve plusieurs fermes, entretenues avec soin, aussi riches en volailles qu’en bétail ; une petite chapelle votive, dédiée à Ste Philomène ; enfin un chalet de l’administration, résidence d’été, qui porte le nom pompeux de Gouvernement. Ce pavillon, entouré de grands arbres domine la verdoyante vallée de la Belle-Rivière, dans un site enchanteur, mais vraiment trop fréquenté, à l’époque de la canicule, par les moustiques ou maringouins…
L’île de Langlade mesure 14 kilomètres de long. et 15 kil., dans la plus grande largeur, avec un pourtour total de 42 kilomètres.
Au Sud-Est, sur les rochers détachés de la Pointe-Plate, on a érigé, en 1882, un phare de premier ordre, avec sirène, qui a une portée de 20 milles.
La Grande et la Petite Miquelon (Langlade) sont soudées l’une à l’autre par une immense dune de sable fin, large de 300 mètres en moyenne et mesurant 12 kilomètres de long. Fortifiée de part et d’autre par les Buttereaux (monticules de sable), cette digue naturelle dépasse de deux mètres à peine le niveau des grandes marées ; elle va s’élargissant aux deux extrémités, notamment vers le N. où s’est formé un vaste étang appelé le Grand Barachois (autrefois le Havre des Dunes). peuplé de loups marins.
L’isthme de Langlade fut plusieurs fois brisé par la violence des vagues. En 1757, il y avait là un chenal large de 500m ;, avec deux ou trois brasses d’eau à mer basse, qui se referma en 1781. Il ne se passe guère d’année sans que cette lagune de sable, mouvante et  traîtresse, ne soit le théâtre de quelque dramatique naufrage.
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C’est la Nécropole des navires et en effet, aussi loin que se porte le regard, on ne voit, de-ci de-là que carcasses ruinées à moitié enfouies et qui, vues à distance, à la marée  montante, donnent l’illusion de quelque monstre marin échoué sur la plage. La Grande Miquelon a 36 km de longueur, sur 24 de large et 110 de tour.
L’intérieur, montagneux renferme des pyrites de fer et de cuivre, des gisements d’ocre jaune, des schistes ardoisiers et des sources ferrugineuses.
La Rade est largement ouverte aux vents d’est, face aux Iles Brunett, qui sont de Terre-Neuve ; La Grande Anse, formant le fond de la baie décrit un arc de cercle de quatre kilomètres, qui vient s’appuyer au Sud, sur le Chapeau de Miquelon, dont le Plateau de la Chatte n’est que le prolongement sous-marin, et, au Nord, sur la Pointe du Cap.
Cette masse rocheuse du Cap de Miquelon, depuis le Nid de l’Aigle jusqu’au Phare du Cap Blanc, formait autrefois un îlot distinct, séparé par un bras de mer, dont « La Grande Étang » est le dernier vestige. Le village actuel, construit au pied de la colline du Calvaire, s’étend, au bord de l’eau, sur une dune sablonneuse, dont l’ossature est formée par des bancs de galets que la mer de l’Ouest accumula depuis des siècles.
Mais, il paraît assez probable, à la première inspection du site, que la bourgade primitive, s’étendait autrefois de l’autre côté du Pont, au sud de la Baie, entre l’Étang du Chapeau et l’Étang de Miquelon. Des blocs de pierre, gisant dans la vase, indiquent les appontements détruits ; les traces de constructions sont toujours visibles sur le plain, en longeant la colline entièrement déboisée et répartie en parcs multiples, qui ne sont autres que d’anciens jardins ; Au sud du village anéanti, le Chemin des Roses, serpente à travers les églantines, le long de la crête, dans la direction de Mirande.
La bourgade actuelle des Miquelonnais se trouve à cinquante kilomètres environ du chef-lieu de la Colonie.
Elle possède une seule rue, longue de deux kilomètres, séparant une double rangée de maisonnettes en planches, fort basses, mais très confortables séparées les unes des autres par des clôtures de piquets, qui entourent les jardins, Construite en bois, tout comme les maisons des pêcheurs, la petite église est richement décorée de sculptures et autres spécimens d’art local, où le fini du travail achève de relever le manque de prétention.
Ce petit village de 70 feux est l’unique centre de population, en dehors de la Pointe-au-Cheval très éloignée, de Belliveau, de Mirande, de Pousse-Trou, aujourd’hui abandonnés, ainsi que Michaux et le Cap Vert. Les autres anses, qui marquent pour la saison les lieux de pêche, portent des noms dont la saveur pittoresque rappelle le bon vieux temps ; le Gros Gabion, le Boyau, la Coupée, la Grande Dévalée, le Cap-Percé, l’Anse à la Garonne et l’Anse à Poutine. La bourgade de Miquelon comprend trois sections : au centre la Ville, avec l’église, l’administration, la mairie, la gendarmerie, les écoles ; puis, la Pointe au Sud, et l’Anse, à l’opposé. Les habitants se répartissent  d’eux-mêmes en trois catégories : les Villains, les Lanciers, les Pointus ! La rade ne possède ni quais, ni appontements : on y débarque au petit bonheur, parfois même sur les glaçons, au risque de prendre un bain froid intempestif. Pourtant il ne serait pas impossible de procurer un abri aux navires, en creusant un port de toute sécurité dans l’Étang, qui communique avec la mer. Le projet fut envisagé à diverses reprises et l’on apporta même de France des blocs de pierre taillée, qui ont servi de bases aux piliers du pont sur le Goulet.
Le contrefort du Cap Blanc, battu par les vagues en furie, supporte un phare de 2e ordre, à feu tournant, construit en 1883,  dont la portée est de 15 à 20 milles. Deux rayons rouges partant, l’un de ce phare, et l’autre de la Pointe-Plate, font converger leurs faisceaux sur les Veaux-Marins, récifs aussi dangereux que sournois.
Saint-Pierre, Miquelon, L’île-aux-Chiens, ces trois îlots sont les derniers vestiges de nos royales colonies de la Nouvelle France. Il faut reconnaître, avec Robert de Caix, que « ce débris d’empire semble bien mélancolique et minuscule à qui, des mornes de Saint-Pierre, l’embrasse d’un seul coup d’»il, voyant l’horizon de la mer monter à l’Ouest, comme à l’Est de cette dernière relique du plus magnifique domaine qui ne soit jamais offert à une nation européenne ».
Et pourtant, sur ce Rocher, perdu parmi les vastes possessions britanniques, à mille lieues de Paris, un pléiade de vaillants marins, à la foi profonde et au c»ur fidèle monte la garde autour du drapeau tricolore, et , seule dans son splendide isolement, maintient avec constance le prestige du nom français !

A. David

Retapé par Roger ETCHEBERRY en 1997.

Commentaires du Copieur :
1.Les coordonnées géographiques sont données par rapport au méridien de Paris. La position de St-Pierre et Miquelon par rapport au méridien de Greenwich est donc 56°30. On peut dire que le méridien 56°30′ traverse Miquelon-Langlade dans quasiment sur toute sa longueur
2.St-Pierre n’est pas formé de roches granitiques mais rhyolitiques. Il faut dire que la géologie de l’Archipel n’avait pas encore été étudiée.
3.Les Grappins, les Grappinots, le Flétan ne sont pas des îlots mais des hauts-fonds. L’île aux Vainqueurs, située au Sud de l’île aux Pigeons a été oubliée, cependant, ses dimensions sont au moins trois fois supérieures à cette dernière.
4.Calculots = Macareux.
5.Robinson : ce nom de lieu n’est pas utilisé de nos jours, à ma connaissance on en trouve pas trace dans d’autres documents. Il semblerait que ce soit une erreur. Quelqu’un a-t-il une autre explication ?

Grand Colombier

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4 réflexions sur « 1925 : Saint-Pierre et Miquelon »

  1. Je me demande si qu’il y a un île Belliveau ou seulement l’Anse des Belliveau? Aussi de qui est-ce que le nom de Anse des Belliveau provient?

  2. Robinson, ce nom viendrait peut-être de la maison qui se trouvait du coté de Savoyard et qui en 1885 a abrité des varioleux pris en charge par la Sœur Césarine.

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