19 mars, 2024

À la recherche d’une tombe perdue

Paris, octobre 2020, une jeune femme, avec son petit enveloppé dans un porte-bébé, se précipite sous la plus vers la porte des Amandiers du cimetière du Père Lachaise, boulevard de Ménilmontant. Il est 17 h 25. Dernière entrée autorisée : 17 h 45. La grille est déjà verrouillée.

Il pleut. Clo se précipite vers l’entrée principale du cimetière et se réfugie sous le frontispice d’une sépulture où se sont agglutinés d’autres visiteurs. Capuchon aidant, elle reprend la folle poursuite avec le bébé, rasant les murs du cimetière jusqu’à la division 63, celle qui se trouvait juste derrière la grille fermée. Les pavés sont glissants, la jeune mère arrive près de la division 64 et 65, elle scrute les coordonnées des sections, compte les lignes, et voilà, enfin!, elle trouve la tombe. L’inversion des données du registre a permis de retrouver celle qu’elle cherchait depuis quelques jours. Clo sort son téléphone et prend une demi-douzaine de photos qu’elle envoie de suite à Vadarf dans le XVe. Vadarf fait suivre. Ils ont trouvé !

Clo et Vadarf se connaissent, car tous deux jouent un jeu géographique virtuel, dénommé Ingress. Cette compétition territoriale a ses inconditionnels, ils sont capables de faire des dizaines de kilomètres pour atteindre une borne voulue. Ces joueurs forment une confrérie sans frontières. Un autre joueur quant à lui, un certain Lizardie, se trouve à 6000 km. Il reçoit les photos et s’exclame dans la voiture : on a trouvé la tombe de MAURICE CAPERON !

Aignan Claude Maurice Caperon est né le 28 avril 1846 à Orléans dans le Loiret. Magistrat, il est arrivé à l’âge de 31 ans aux îles Saint-Pierre et Miquelon où il occupa les fonctions de procureur de la République, de Chef du service judiciaire et de gouverneur intérimaire.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1895, il fut l’auteur de plusieurs ouvrages dont Chasses et pêches aux îles Saint-Pierre et Miquelon, L’isthme de Langlade ainsi qu’un opuscule consacré à la présentation générale de l’archipel en 1900, illustré par Gaston Roullet et Eugène Le Mouël. Maurice Caperon fut aussi l’auteur d’un nombre important de dépêches, d’articles et de billets dans le Journal Officiel de l’archipel qui constituent une véritable fenêtre sur l’histoire vivante de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Maurice Caperon quitta Saint-Pierre en 1905 et obtint pour ses 42 ans de service, une pension à partir de juillet 1905. Malheureusement il profita peu de sa retraite, car il mourut en janvier 1907, âgé à peine de 62 ans. La nouvelle de sa disparition fit grand bruit aux îles, où sa mémoire était encore très présente, Maurice Caperon aimait l’archipel et l’archipel le lui rendait bien. Caperon fut enterré dans une concession familiale, celle de la famille Isnard de Sainte Lorette.

Au nom de tous les passionnés d’histoire de Saint-Pierre et Miquelon, un jour lointain, j’irai fleurir sa tombe.

Grand Colombier

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