Le cyclone du 13 septembre a fait bien des veuves et des orphelins. La colonie de St-Pierre et Miquelon a été grandement éprouvée. Rien que pour le quartier de St Pierre on compte vingt inscrits disparus.
Les victimes sont, à bord de la goëlette Ali-Baba, Chesnel (Joseph), Lafourcade (Xavier), Cavelier (Jules), Walsch (Denis), Buttler (Thomas), Audoux (Joseph), Lafourcade (Victor Joseph). Audoux (Prosper), Arasaména (Pierre); à bord du L. M. B., Goécoéchéa (Joseph) dit Aroca, Goécoéchéa (Jean-Baptiste), Goécoéchéa (Benito), Lambert (Louis), Briand (Joseph), Basset (Louis-Jean), Apestéguy (Joseph). Mahé (Joseph-René), Irasoquy (Pierre-Ernest); à bord du Fiona, Thomelin (Paul), Frioult (Joseph), fils.
Mercredi dernier, à 10 heures du matin, un service solennel a été célébré à la mémoire de ceux que nous avons nommés. L’église était tendue de noir, trop petite pour contenir l’affluence qui se pressait dans les bas côtés. On remarquait en avant du choeur la bannière de la Société des Marins, que voilait en partie une écharpe de crêpe drapée aux deux angles.
Le Gouverneur, le Chef de la Marine, les fonctionnaires, ainsi que le Maire et les Adjoints, avaient tenu à témoigner par leur présence de l’affliction qui atteignait tant de familles St-Pierraises privées de leurs soutiens. Plus de cinquante orphelins tous en bas âge, attestent l’étendue du malheur qui est venu s’abattre sur eux.
Mgr Légasse, curé de St-Pierre, officiait assisté de ses deux vicaires et a donné l’absoute. A la maîtrise, M. le curé de Miquelon, en ce moment au chef-lieu, a dit les chants liturgiques, et à travers cette phraséologie latine qui parle de paix et de perpétuelle lumière devant briller pour les disparus, ces vers de Victor Hugo flottaient dans ma mémoire :
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds, redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées ;
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !
Bonjour Marc
Merci pour cet article, mon arrière grand père José Bénito Goïcoëchéa a péri dans le naufrage de la goélette L.M.B. avec son frère et son neveu, j’aimerai t’envoyer les photos de la goélette et d’un mémorial qui a été fait en leur mémoire
Ma mère parlait souvent du « coup de vent du 13 septembre » et un jour j’ai réalisé qu’il avait eu lieu 17 ans avant sa naissance ! ….. C’est dire s’il avait marqué les esprits !