3 mai, 2024

Olivier Tulon de La Galanderie

Né à Granville, Olivier Tulon de La Galanderie, employait un temps à son actif, 2 engagés, 29 pêcheurs et faisait usage de trois bateaux ou goélettes. Nous savons aussi qu’il avait un fils de plus de quinze ans, un domestique, et qu’il se serait marié vers 1709.

Grâce au notariat de la colonie de Plaisance, nous savons qu’Olivier Tulon de la Galanderie (Garanderie) avait effectué plusieurs démarches et requêtes devant les autorités coloniales et qu’il avait dû se défendre face à d’autres procédures judiciaires initiés à son encontre : l’ordinaire d’un habitant-pêcheur. Entre 1713 et 1714, Olivier Tulon avait pris possession des effets et du mobilier de Lucas de La Hongrie suite au décès de celui-ci. Nous savons aussi qu’avait poursuivi la veuve Onfroy pour des dettes, ainsi que d’autres habitants pour un nombre conséquent de barriques de sel.

Suite au départ des officiels français de Plaisance et la prise de possession des lieux par les Britanniques, Olivier Tulon, comme d’autres marchands et habitants pêcheurs, ont préféré prêter serment à la couronne britannique que de quitter la région. Ils se nommaient Belorme (Jacques Simon de Belleorme), Mellion, Coupoux, Beaux, Plasey, Labott, Loyal, Gollia, Gaudin, Lionois, La Force, Mahois, Aubin et Gautell. Tous prêtèrent serment à la couronne britannique le 12 juillet 1714 en présence de William Taverner et d’un certain capitaine John Moody.

Addison to the Lords Commissionners of Trade. Whitehall, September 3rd, 1717. The Works of the Right Honourable Joseph Addison, Volume 6 – Page 476, 1856.

Malgré son serment d’allégance au roi britannique, Olivier Tulon n’a eu cesse d’avoir des ennuis et déboires avec les marchands britanniques, notamment un certain William Cleeves de Poole. Cleeves avait proposé d’acheter l’habitation de Tulon pour une bouchée de pain. Olivier Tulon ayant refusé l’offre de Cleeves, celui-ci le menaça, insinuant qu’il lui ferait perdre son habitation d’une façon ou d’une autre.

William Cleeves, réussit en 1717, à faire saisir une importante cargaison de morues acheminées par Tulon de la Galanderie à Bilbao. Tulon dut embaucher un agent pour défendre son cas devant les Lords du Commerce en Grande Bretagne. Grâce à cette pétition, nous apprenons qu’Olivier Tulon affirmait être un ancien habitant de l’île de Saint-Pierre, qu’il y fut propriétaire de la moitié d’une habitation pendant cinq ou six ans avant d’en racheter l’autre moitié, et qu’à la signature de la paix entre la France et la Grande Bretagne, il avait été autorisé, comme tous les autres habitants restés sur place, à exercer la pêche à la morue.

Tulon rappelle qu’il avait prêté serment au roi George Ier et qu’il y avait encore à St Pierre, près de 150 habitants français dont 7 ou 8 chefs de famille et qu’aucun d’entre eux n’avait été molestés, sauf lui. Il réclamait non seulement justice pour l’affaire en cours, c’est à dire la saisie de ses morues à Bilbao, mais le droit de vivre en paix à Saint-Pierre.

Olivier Tulon de la Galanderie avait donc maintenu ses opérations de pêche sous la couronne britannique, continuant d’importer des vivres et la main d’œuvre depuis la France par l’intermédiaire de l’isle de Guernesey, et revendait le produit de la pêche à Bilbao.

Le cas d’Olivier Tulon de la Galanderie, nous indique que l’histoire de Saint-Pierre et Miquelon ne s’est pas arrêté d’un seul coup lors de l’application du traité d’Utrecht et que certains anciens habitants, dont Jacques Simon de Belleorme, ont tout fait pour maintenir leurs opérations sous mandat britannique.

Nous ne savons en revanche combien d’années ces Français, devenus sujets britanniques, sont restés dans l’archipel. Entre 1720 et 1726, plusieurs actes, contrats existent entre divers marchands et Tulon de la Galanderie, marchand de Saint-Malo, dans le notariat de l’Ile Royale, c’est à dire Louisbourg.

Que reste-t-il de la présence de ces anciens habitants aux îles ? Pas grand-chose à vrai dire, sauf peut-être, un nom, celui de Galantry, déformation du nom d’Olivier Tulon de la Galanderie / Garanderie.

Comment ce nom est-il resté jusqu’à nous ? Anglicisé par les Britanniques, Galanderie est devenu Galantry ou Gallantry, avant d’être à nouveau francisé en Galantry par les cartographes du 18e siècle. Il s’agit donc du plus ancien toponyme de l’archipel, dérivé du nom d’un habitant granvillois d’avant Utrecht.

En 1763/1764, le cartographe James Cook, connu pour son respect des toponymes locaux, avait recensé deux points d’intérêt.

  • Gallantry Head
  • Gallantry Cove : anse à l’Allumette, anse à Philibert

1763 – Carte de Bellin / Fortin

  • Teste de Galantry

1783 – La carte du baron de l’Espérance

  • Teste de Galantry

1784 – Le chevalier de Kervegan

  • Teste de galantry

Sources :

  • America and West Indies: March 1717′, in Calendar of State Papers Colonial, America and West Indies: Volume 29, 1716-1717, ed. Cecil Headlam (London, 1930), pp. 263-280. British History Online http://www.british-history.ac.uk/cal-state-papers/colonial/america-west-indies/vol29/pp263-280 [accessed 2 August 2022].
  • Notariat de la colonie de Plaisance
    • 10-12 octobre 1713 – Requêtes du sieur Basset, greffier et notaire royal, contre le sieur La Garanderie Tulon, qui sans autorisation s’est mis en possession des effets, mobilier, etc., de l’habitation du défunt La Hongrie Lucas et sentence rendue contre le sieur La Garanderie, de payer au sieur Basset, la somme de 234 livres pour les adjudications faites au défunt sieur Lucas. MG1-G3, Microfilm reel number: F-700
    • 12 octobre 1713 – Protêt du sieur La Garanderie Tulon contre la dame Onfroy.
    • 23 avril 1714  – Requête du sieur Olivier Tulon de la Garanderie, procureur de Madame veuve Onfroy, et de Guillaume Lucas, Écuyer, seigneur de Lezeaux, disant que les sieurs Georges de Lasson et Daccarrette, leur doivent 34 barriques de sel. – Reference:MG1-G3, Microfilm reel number: F-700
    • 24 avril 1714 – Sentence rendue contre les sieurs Georges de Lasson et Joannis Daccarrette, en faveur du sieur de la Garanderie.
  • Centre historique des Archives nationales (France) 
    • Lettre de François Guynet, intendant de Caen – accusations portées par Hugon contre Tulon : pêche à Plaisance avec les Anglais, etc. MG2-B3, Volume number: 248, Microfilm reel number: C-11618

 

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