27 avril, 2024

1898 – Arrivée de l’électricité aux îles

Journal Officiel des îles
Saint-Pierre-et-Miquelon
33e année – Numéro 8.
Samedi 19 Février 1893.

L’éclairage électrique. – Mercredi soir, à l’usine d’électricité, sise rue des Basques, M. W. A. Mackay avait convié les diverses notabilités de la ville à assister à la première expérience de son nouveau système d’éclairage. Disons tout de suite que cette première épreuve a parfaitement réussi.

La lumière produite par les lampes à incandescence est claire, étincelante, nullement tremblotante. On est ébloui quand on la regarde fixement, mais quelle vivacité de feux à côté de la flamme engendrée par l’huile minérale ! Justement la comparaison était provoquée par une lampe à schiste qui essayait de lutter de toutes les forces de sa mêche fumeuse. Elle était jaune, elle était rouge, elle était ignoble, cette pauvre lampe à schiste ! Il n’y avait pas d’injures qu’on ne lui adressât, pendant que sa rivale incandescente.

Versait des torrents de lumière
Sur ses obscurs blasphémateurs.

L’assistance peu nombreuse mais choisie a complimenté M. Mackay sur la façon expéditive et entendue avec laquelle il avait su monter en quelques semaines sa délicate opération. On a admiré comme il convenait la puissance et l’ingéniosité de l’appareil moteur, importé des Etats Unis, destiné à nous fournir l’électricité. On ne peut nier que nos voisins, doués d’un esprit d’entreprise sans égal, sont très avancés dans la vulgarisation de cette science appliquée à l’industrie.

L’appareil générateur que nous avons vu fonctionner en est la preuve. Il est le dernier mot du perfectionnement. La chaudière, quoique bourrée de combustible. est sans chaleur rayonnante. Isolé par d’épaisses couches de liège d’amiante, tout le calorique est concentré à l’intérieur, tandis que les parois extérieures sont à peine tièdes. Grâce à ce doublage isolateur, on obtient un double résultat: économie de charbon et suppression de toute cause d’incendie.

En sortant de l’usine, on trébuchait dans l’obscurité que trouaient ça et là les pâles lueurs des réverbères éclairés à l’huile de schiste, et involontairement les paroles célèbres que Victor Hugo met dans la bouche de Claude Frollo revenaient sur les lèvres : Ceci tuera cela. On aurait dit que ce soir là les réverbères avaient comme le pressentiment de leur fin prochaine; la neige qui faisait ressortir leur douteuse clarté les rendait plus funèbres que d’habitude.


12 novembre 1897 – Mairie de Saint-Pierre.

Une enquête de commodo et incommodo est ouverte à la Mairie, aux heures de bureau, pour y recevoir les observations pour et contre l’établissement d’un générateur d’électricité, rue des Basques. L’enquête est ouverte à partir de ce jour douze novembre et sera close le vingt-sept du même mois, à quatre heures du soir. Fait en Mairie de St-Pierre, ce douze novembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept.

Le Maire, PAUL MAZIER.


18 décembre 1897 – N° 200.-ARRÊTÉ autorisant M. Lamusse (Georges), fondé de pouvoirs de M. W A. Mackay, à élablir un générateur mécanique d’électricité.

Saint-Pierre, le 17 décembre 1897.
Le Gouverneur p. i. des îles Saint-Pierre et Miquelon,
Chevalier de la Légion d’honneur. –

  • Vu la demande en date du 1 l novembre 1897 par laquelle M. Lamusse (Georges). fondé de pouvoirs de M. W. A. Mackay, sollicite l’autorisation d’établir un générateur mécanique d’électricité; –
  • Vu le plan des lieux;
  • Vu l’enquête de commodo et incommodo ouverte à la Mairie de Saint-Pierre le 12 novembre 1897 et close le 27 du même mois;

Attendu qu’aucune réclamation ne s’est produite;

  • Vu l’arrêté en date du 8 août 183 portant réglementation des établissements dangereux et insalubres;
  • Vu l’arrêté du Maire en date du 22 août 1873, approuvé enConseil d’administration le 6 septembre suivant, édictant certaines mesures propres à diminuer les dangers d’incendie ;
  • Vu l’article 44 de l’ordonnance organique du 18 septembre 1844;

Sur la proposition du Directeur de l’Intérieur,
Le Conseil privé entendu,

ARRÊTE :

  • Article 1er – M. Lamusse (Georges), fondé de pouvoirs de M. W. A. Mackay, est autorisé à établir un générateur mécanique d’électricité, sur un terrain situé rue des Basques, à l’endroit indiqué au plan annexé au présent arrêté.
  • Art. 2. – M. Lamusse (Georges) ès-qualité sera tenu de prendre, à l’intérieur de ses ateliers, toutes les mesures d’hygiène et de précautions dans l’intérêt des ouvriers.
  • Art. 3. – Il sera tenu, en outre, de se conformer à toutes les mesures de police dont l’expérience fera reconnaître la nécessité et que l’administration pourrait prescrire ultérieurement. Il sera tenu de laisser visiter ses ateliers par ceux que l’autorité administrative désignera à cette fin. Toutes ces conditions sont de rigueur, l’inobservation de l’une d’elles entraînerait de plein droit la révocation de l’autorisation accordée par le présent arrêté. Lamusse (Georges) agissant pour le compte de M. Mackay, restera responsable, envers les tiers, des dommages auxquels sa machine pourrait donner lieu.
  • Art. 4. – Le Directeur de l’Intérieur est chargé de l’exécution du présent arrêté qui sera enregistré et communiqué partout où besoin sera et inséré au Journal et au Bulletin officiels de la colonie. –

Me CAPERON.
Par le Gouverneur :
Le Directeur de l’Intérieur, H. TOURNIÉ.


 

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